ATTENTION... SHOW DEVANT!
!! SPECTACLE GRANDIOSE !!
Chaussez
vos lunettes...
Je m'appelle Piton De La Fournaise... et je m'éclate !!!
ERUPTION A HUIS CLOS
[1er avril 2007 - 05h55]


FRISSONS GARANTIS
[3 avril 2007 - 06h15]


LA GUERRE DU FEU ET DE L'EAU
[4 avril 2007]


LES MYSTERES DES ABYSSES A PORTEE DE MAIN
[10 avril 2007]

LE VOLCAN LIVRE SES MYSTERES


Un poisson-globe encore jamais observé à la Réunion.
LE BESTIAIRE DES ABYSSES S'ALLONGE

LE VOLCAN S'EFFONDRE POUR LA SECONDE FOIS
[13 avril 2007]



[16 avril 2007]

[25 avril 2007]


LA LAVE EN ROUTE VERS LE TREMBLET
[27 avril 2007]



!! SPECTACLE GRANDIOSE !!
Chaussez
vos lunettes...... et suivez le guide pour un voyage super-terrestre à l'endroit le + jeune de la planète... sur un territoire nouvellement mis au monde dont nous sommes heureuses de vous adresser le "spectaculaire" faire-part de naissance (étape par étape) !!

Je m'appelle Piton De La Fournaise... et je m'éclate !!!
ERUPTION A HUIS CLOS
[1er avril 2007 - 05h55]

On aurait pu croire à un poisson d'avril un peu en avance mais le piton de la Fournaise est bel et bien entré en éruption dans la nuit de vendredi à samedi. Une fissure s'est ouverte dans le sud de l'enclos à l'ouest du cratère Château-Fort, non loin du deuxième Formica Leo. Comme il y a un mois et demi, l'activité a totalement cessé au bout de 9 heures. Le spectacle n'a eu qu'une poignée de témoins mais l'observatoire du volcan n'excluait pas hier après-midi une reprise de l'activité.
La deuxième éruption de l'année n'a pas pris par surprise l'observatoire volcanologique du piton de la Fournaise. Depuis plusieurs semaines les signes précurseurs de la deuxième éruption de l'année 2007 s'accumulaient sous les yeux des scientifiques. Vendredi soir, après 2 heures et demie de crise sismique, les enregistreurs de l'observatoire rendent un verdict sans appel vers 23 h. La lave se répand quelque part dans le sud de l'enclos vers 2 000 m d'altitude dans le secteur du cratère Château-Fort. Impossible d'être plus précis à cette heure, ce qui ne fait pas l'affaire de la poignée de passionnés du volcan qui ont pris le chemin du pas de Bellecombe. À chaque fois que le piton de la Fournaise sort de son sommeil, ils sont quelques-uns à se précipiter à son chevet à toute heure du jour ou de la nuit pour immortaliser les premières heures de l'éruption. Ce sont eux souvent qui affinent pour l'observatoire le site précis de l'activité. Comme à chaque fois au pas de Bellecombe sous un ciel piqueté d'étoiles, ce n'est pas toujours le cas, les spéculations vont bon train. En arrière-plan du cratère principal, le ciel est tout juste teinté d'orange. Insuffisant pour situer précisément le site de l'éruption. Faut-t-il monter au sommet ? Ou alors emprunter le balisage de secours par l'est ou par l'ouest ? L'indication donnée par l'observatoire donne une piste. Ce sera le balisage de secours par l'ouest afin de se rapprocher au maximum du cratère Château-Fort. Là on verra bien. Ils ne sont que six à tenter l'aventure. Tous savent par expérience que là où la fissure s'est vraisemblablement ouverte on se trouve aux confins de la partie sud de l'enclos dans un secteur particulièrement difficile d'accès, où les itinéraires ne sont pas légion. Les marches du pas de Bellecombe avalées, la traversée de l'enclos réserve une première surprise. Une lune parfaite flotte au-dessus du rempart de l'enclos. Elle répand une lumière jaune orangée qui rend presque inutiles les frontales. Leur mince pinceau lumineux capture une à une les marques blanches qui tâchent le sol en direction de la chapelle de Rosemont. Jusque-là pas de problèmes. Nous sommes en terrain connu.
LA NUIT GOMME LES RELIEFSLa deuxième éruption de l'année n'a pas pris par surprise l'observatoire volcanologique du piton de la Fournaise. Depuis plusieurs semaines les signes précurseurs de la deuxième éruption de l'année 2007 s'accumulaient sous les yeux des scientifiques. Vendredi soir, après 2 heures et demie de crise sismique, les enregistreurs de l'observatoire rendent un verdict sans appel vers 23 h. La lave se répand quelque part dans le sud de l'enclos vers 2 000 m d'altitude dans le secteur du cratère Château-Fort. Impossible d'être plus précis à cette heure, ce qui ne fait pas l'affaire de la poignée de passionnés du volcan qui ont pris le chemin du pas de Bellecombe. À chaque fois que le piton de la Fournaise sort de son sommeil, ils sont quelques-uns à se précipiter à son chevet à toute heure du jour ou de la nuit pour immortaliser les premières heures de l'éruption. Ce sont eux souvent qui affinent pour l'observatoire le site précis de l'activité. Comme à chaque fois au pas de Bellecombe sous un ciel piqueté d'étoiles, ce n'est pas toujours le cas, les spéculations vont bon train. En arrière-plan du cratère principal, le ciel est tout juste teinté d'orange. Insuffisant pour situer précisément le site de l'éruption. Faut-t-il monter au sommet ? Ou alors emprunter le balisage de secours par l'est ou par l'ouest ? L'indication donnée par l'observatoire donne une piste. Ce sera le balisage de secours par l'ouest afin de se rapprocher au maximum du cratère Château-Fort. Là on verra bien. Ils ne sont que six à tenter l'aventure. Tous savent par expérience que là où la fissure s'est vraisemblablement ouverte on se trouve aux confins de la partie sud de l'enclos dans un secteur particulièrement difficile d'accès, où les itinéraires ne sont pas légion. Les marches du pas de Bellecombe avalées, la traversée de l'enclos réserve une première surprise. Une lune parfaite flotte au-dessus du rempart de l'enclos. Elle répand une lumière jaune orangée qui rend presque inutiles les frontales. Leur mince pinceau lumineux capture une à une les marques blanches qui tâchent le sol en direction de la chapelle de Rosemont. Jusque-là pas de problèmes. Nous sommes en terrain connu.
Changement de décor lorsque nous bifurquons du parcours officiel vers le sommet. Dans le noir, il faut prendre garde à ne pas perdre le ténu fil d'Ariane, seul moyen de rejoindre le Château-Fort, situé à des kilomètres de là. Le parcours n'a rien d'une promenade de santé. Nous ne sommes pas sur un sentier au sens où l'entendent les randonneurs. Le balisage de secours n'a qu'une vocation : ramener les marcheurs égarés au pas de Bellecombe. L'itinéraire ne cesse de jouer à saute-moutons. Il traverse des zones de gratons qui entaillent les chaussures les plus solides. C'est le souffle court que nous nous retrouvons au pied du Château-Fort. Les lueurs de l'éruption en contrebas lui donnent réellement en ombres chinoises les allures d'une demeure médiévale. Nous ne sommes pas au bout de nos peines. Comment atteindre la faille éruptive ? Faut-il continuer à suivre le balisage de secours ou tenter de traverser le champ de gratons qui se dresse devant nous ? Dans l'obscurité les apparences sont trompeuses. La nuit gomme les reliefs. En nous engageant dans les gratons nous avons l'impression de marcher sur l'eau. Le sol se dérobe en permanence sous nos pieds et le terrain n'est pas sans rappeler les vagues de l'océan. Nous finissons par échouer au pied du deuxième Formica-Léo, au bout de deux heures trois quart de progression parfois pénible. Ce vieux cône volcanique constitue un point d'observation privilégié surplombant le site de l'éruption. L'activité a déjà commencé à diminuer. Une bouche principale lâche à intervalles réguliers des flèches de feu vers le ciel. Le cratère ouvert en direction des Grandes Pentes laisse parfois échapper des rivières de lave en fusion qui se figent presque instantanément. Le piton de la Fournaise soigne toujours son public. Il va même pousser la coquetterie jusqu'à se rendormir sous les yeux de son petit carré d'admirateurs qui se décident à reprendre le long et difficile chemin du retour. Et notre volcan n'a sans doute pas dit son dernier mot. Selon un communiqué de l'observatoire, publié hier soir, une possible reprise de l'activité n'est pas à exclure. Quand et où ? Le piton de la Fournaise sait ménager le suspense. Alain Dupuis & François Martel-Asselin

FRISSONS GARANTIS
[3 avril 2007 - 06h15]

Plus d'une centaine de spectateurs venant du sud ont assisté, médusés, à l'arrivée de la lave sur l'asphalte de la nationale 2. Agglutinés contre les barrières de sécurité, ils n'ont pas manqué une miette du spectacle offert par cette saignée rougeoyante dévalant les pentes du Tremblet.
Il est 15 h 35 quand le premier bras de lave arrive sur la route nationale 2. D'abord des volutes de fumée puis un arbre qui s'embrase instantanément sous l'effet de la chaleur et tombe sur la chaussée. Les spectateurs massés contre la barrière de sécurité dressée à 200 mètres de la coulée, retiennent leur souffle. Une grande clameur traverse la foule : "Allez, largue la sauce, fait péter", crie un homme surexcité. Une douce folie s'empare alors de la centaine de badauds qui a bravé les intempéries pour assister à ce spectacle unique. "Bien sûr, j'ai déjà vécu la traversée de la route par la lave. Mais à chaque fois, ce sont des frissons garantis quand la coulée vient manger le bitume", raconte ce Saint-Josephois qui dégaine aussitôt son appareil photo. Chacun dans la foule veut immortaliser l'instant à sa manière : caméscopes et portables sont tendus vers la coulée qui ne cesse de gonfler.
NUAGES DE SOUFREIl est 15 h 35 quand le premier bras de lave arrive sur la route nationale 2. D'abord des volutes de fumée puis un arbre qui s'embrase instantanément sous l'effet de la chaleur et tombe sur la chaussée. Les spectateurs massés contre la barrière de sécurité dressée à 200 mètres de la coulée, retiennent leur souffle. Une grande clameur traverse la foule : "Allez, largue la sauce, fait péter", crie un homme surexcité. Une douce folie s'empare alors de la centaine de badauds qui a bravé les intempéries pour assister à ce spectacle unique. "Bien sûr, j'ai déjà vécu la traversée de la route par la lave. Mais à chaque fois, ce sont des frissons garantis quand la coulée vient manger le bitume", raconte ce Saint-Josephois qui dégaine aussitôt son appareil photo. Chacun dans la foule veut immortaliser l'instant à sa manière : caméscopes et portables sont tendus vers la coulée qui ne cesse de gonfler.
Une fillette sursaute dans les bras de sa mère quand l'écorce d'un arbre éclate à proximité. Des "Oh" admiratifs ponctuent l'embrasement des filaos réduits à l'état de fétus de paille. "Eh ! Poussez-vous devant, on ne voit rien", lancent des spectateurs exaspérés, aux forces de l'ordre et aux journalistes qui leur cachent le spectacle. La bronca enfle et un gendarme est obligé de hausser le ton pour faire cesser la fronde et chasse les inévitables resquilleurs qui ont franchi les barrières de sécurité. À 16 heures, ils ne sont plus qu'une petite soixantaine d'irréductibles à supporter les nuages de soufre que le vent rabat désormais. La plupart des badauds a préféré rebrousser chemin pour admirer le point de vue d'ensemble offert à quelques centaines de mètres de là. L'un d'entre-deux lâche : "Je ne rentrerai pas chez moi avant que la lave n'atteigne la mer". Brice Magné
SUR LES TRACES DE LA COULEE DE 76Les coulées d'hier ont emprunté grossièrement le tracé de la coulée de janvier 1976, partie de beaucoup plus haut, vers 1 800 mètres d'altitude. Mais elles sont restées un peu plus près du rempart du Tremblet, épargnant le belvédère aménagé en surplomb de la RN 2 côté mer, que la DDE avait retaillée dans la coulée. À la différence des coulées d'hier, celle de 76 n'a cependant pas atteint la mer, arrêtant sa progression quelques centaines de mètres plus loin. Un sentier pédagogique y a été aménagé pour montrer la colonisation des laves, décrit dans la page randonnée dominicale du Journal de l'île.

LA GUERRE DU FEU ET DE L'EAU
[4 avril 2007]

Depuis lundi 21 h 25, heure à laquelle la première coulée a atteint l'océan, le spectacle se partage désormais dans le Grand-Brûlé entre les fontaines de lave qui jaillissent à 600 m d'altitude et le bord de mer où le mariage du feu et de l'eau compose une symphonie sur un mode majeur.
À peine entamée la descente des rampes de Bois-Blanc, on ne peut ignorer ce qui se passe dans le Grand-Brûlé. Dans la direction du rempart du Tremblet, le ciel a des couleurs d'incendie. Des fontaines de lave dressent un rideau de feu et des rivières de roches en fusion dévalent les pentes. En dépit de l'heure matinale, ils sont nombreux à vouloir profiter du spectacle. Le parcours d'obstacle ne refroidit pas les enthousiasmes. Il faut abandonner sa voiture à plusieurs kilomètres, avaler du bitume avant de rejoindre la coulée de 1976. Impossible pour l'instant d'aller plus loin. Mais, de ce poste d'observation on en prend déjà plein la vue. A 600 m d'altitude au-dessus de la route la fissure envoie vers le ciel à jet continu la lave en fusion.
UN THÉÂTRE D'OMBRESÀ peine entamée la descente des rampes de Bois-Blanc, on ne peut ignorer ce qui se passe dans le Grand-Brûlé. Dans la direction du rempart du Tremblet, le ciel a des couleurs d'incendie. Des fontaines de lave dressent un rideau de feu et des rivières de roches en fusion dévalent les pentes. En dépit de l'heure matinale, ils sont nombreux à vouloir profiter du spectacle. Le parcours d'obstacle ne refroidit pas les enthousiasmes. Il faut abandonner sa voiture à plusieurs kilomètres, avaler du bitume avant de rejoindre la coulée de 1976. Impossible pour l'instant d'aller plus loin. Mais, de ce poste d'observation on en prend déjà plein la vue. A 600 m d'altitude au-dessus de la route la fissure envoie vers le ciel à jet continu la lave en fusion.
Après le chaos de lundi après-midi qui a vu les coulées traverser à deux reprises la nationale, le site a retrouvé une certaine sérénité. Seul témoignage du déchaînement de la nature côté Sainte-Rose : un impressionnant mur de gratons figé à l'intérieur duquel couvent encore des incendies. Le théâtre des opérations s'est déplacé en bord de mer. Pour y accéder, il faut encore pour l'instant montrer patte blanche. L'ONF a procédé hier à la sécurisation provisoire d'une plate-forme d'observation. En descendant vers l'océan, l'odeur entêtante et un peu écœurante des goyaviers fermentés laisse progressivement la place à celle de l'iode. La falaise est un théâtre d'ombres uniquement éclairé par une plate-forme construite par la coulée qui s'avance loin en mer et par une cascade de roches en fusion. À partir de 5 h du matin, la lumière commence à changer, d'abord presque imperceptiblement. Le ciel d'un noir d'encre bleuit par petites touches avec quelques taches d'orange vers l'est. Le panache jaune orangé vire au blanc. Dans les premières lueurs de l'aube, on prend toute la mesure du spectacle grandiose. Les vagues viennent s'écraser contre la falaise lançant des gerbes d'écume. On assiste à une lutte entre l'eau et le feu. La lave essaie de gagner sur l'océan qui méthodiquement repousse ses assauts. Accrochés à la falaise, photographes professionnels et amateurs mitraillent ce combat de titan. Soudain, une sourde explosion secoue la mer. Un panache brutal de vapeur et de débris jaillit des flots. Ce panache cypressoïde surgit à plusieurs reprises sous nos yeux. Depuis lundi, le Piton de la Fournaise multiplie les tableaux. Il n'a pas fini de nous surprendre. Alain Dupuis

LES MYSTERES DES ABYSSES A PORTEE DE MAIN
[10 avril 2007]

LE VOLCAN LIVRE SES MYSTERES
Hier matin à Sainte-Rose, les scientifiques ont réitéré leur pêche miraculeuse de dimanche en collectant d'autres espèces de poissons morts, remontés des profondeurs et flottant à la surface de l'eau, parfois inconnues. Le répertoire des poissons réunionnais devrait s'allonger d'une trentaine d'espèces. Remarquable effet collatéral de la Fournaise, vraisemblablement une première.
Le petit monde marin réunionnais est en ébullition (notre édition d'hier). Les scientifiques ont détourné leur week-end de Pâques sans la moindre hésitation pour venir se pencher sur ces centaines d'êtres abyssaux. L'aventure de dimanche s'est reproduite hier matin. Avec la Compagnie des travaux sous-marins et le club de plongée de Sainte-Rose, les spécialistes de la mer et du volcan souhaitaient plonger, afin de filmer la rencontre lave-océan. Mais ont dû renoncer face aux conditions. Lorsqu'ils aperçoivent, dans une mousse jaunâtre (le lieu de jonction entre le chaud et le froid), des poissons morts.
LA MOITIE DU LOT INCONNUELe petit monde marin réunionnais est en ébullition (notre édition d'hier). Les scientifiques ont détourné leur week-end de Pâques sans la moindre hésitation pour venir se pencher sur ces centaines d'êtres abyssaux. L'aventure de dimanche s'est reproduite hier matin. Avec la Compagnie des travaux sous-marins et le club de plongée de Sainte-Rose, les spécialistes de la mer et du volcan souhaitaient plonger, afin de filmer la rencontre lave-océan. Mais ont dû renoncer face aux conditions. Lorsqu'ils aperçoivent, dans une mousse jaunâtre (le lieu de jonction entre le chaud et le froid), des poissons morts.
« C'est exceptionnel, on ne les voit jamais, ils vivent à plus de 500 mètres de profondeur pour certains. D'habitude, ce sont des poissons coralliens, de faible profondeur », témoigne Alain Barrère, conseiller scientifique de la maison du Volcan et membre du Centre de documentation et de diffusion sur le volcanisme. Habituellement, les experts observent ces bêtes étranges... dans du formol. « C'est une chance extraordinaire, d'habitude il faut un sous-marin pour les observer. Et là un canot pneumatique et une épuisette ont suffi ! », exulte Patrick Durville, biologiste à l'Aquarium. Face à la petite équipe passionnée, en pleine réflexion hier après-midi à l'Aquarium de Saint-Gilles, des dizaines de poissons ne font pas les fiers. L'échantillonnage vient de se terminer. Ils montrent leur bouche béante dans laquelle une poche blanche se laisse apercevoir. Il s'agit de la vessie natatoire, remontée par la variation de profondeur et la diminution de la pression lors de la remontée vers la surface. Certains commencent à perdre leur couleur. « Il faut rapidement qu'on les photographie et qu'on les congèle », glisse Alain Barrère. De par son allure étrange, une espèce attire particulièrement l'attention. Mais qu'on se rassure, la nature n'y est pour rien dans cette morphologie. Il a tout simplement cuit dans l'eau bouillante, prêt à être avalé ! Chez d'autres bestioles, les yeux sont exorbités. Dans cette pêche quelque peu inhabituelle, les passionnés parviennent à identifier environ la moitié du lot. Patrick Durville, livre en main, vient de faire avancer le schmilblick, en quelques minutes. Dans cette encyclopédie, il vient de repérer le dessin d'un des animaux. « Ce poisson papillon est connu mais n'a jamais été décrit à La Réunion. Grâce à l'événement, un de plus ! », se félicite-t-il.
CADEAU DU VOLCAN« Après les avoir photographiés, on va les conditionner, les mettre dans des petits sachets et les congeler », poursuit Alain Barrère. Si les conditions de cette mort n'apparaissent pas très évidentes aujourd'hui, la satisfaction est au rendez-vous. « On va faire un pas en avant sur la population abyssale de La Réunion. Normalement on répertorie une espèce tous les six mois. Là, on va en rajouter plusieurs dizaines d'un coup, c'est assez sympa ! », se réjouit Patrick Durville. De par leur lieu de vie très difficilement accessible, la recherche avance lentement, et le mystère des abysses ne s'éclaircit pas facilement. « Normalement, il faut développer des stratégies, des pièges, pour les approcher ». Le volcan a fait un véritable cadeau à la communauté scientifique. Dans un premier temps, il va falloir se lancer dans les nombreuses bibliographies sur le sujet, pour retrouver qui est qui. Et ainsi répertorier les nouveaux venus pour les ajouter à une liste qui compte environ 1 000 poissons, tous issus des eaux réunionnaises. Ensuite, pour ceux qui restent étrangers, une autre méthode s'impose. « Ce sont des espèces très pointues qui exigent qu'on se penche longuement dessus », l'objectif visant à rassembler le maximum de critères. D'où la nécessité d'avoir recours aux compétences d'un taxinomiste, un véritable spécialiste de la classification des organismes vivants. Un spécialiste du Muséum d'histoire naturelle de Paris pourrait se rendre à La Réunion pour plancher sur le sujet, accompagné par l'Aquarium de La Réunion, l'ARVAM et la Maison du Volcan.
Jets-skis, bateaux : danger, eau bouillante ! Alain Barrère profite de l'occasion pour souligner le danger inhérent au lieu. « Il y a une plate-forme d'eau très chaude. Certains bateaux et jet ski s'approchent dangereusement de la côte, ce qui n'est pas indispensable pour bien observer le phénomène. D'autant plus qu'il y a des arrêtés préfectoraux et municipaux ». Par rapport à 2004, l'arrivée de la lave en mer se montre plus dangereuse. La nappe brûlante se propage jusqu'à 300 ou 400 mètres de profondeur. Damien Frasson-Botton Photos Ludovic Laï-Yu et DR
UNE INFLUENCE PROFONDE ET INTENSEJets-skis, bateaux : danger, eau bouillante ! Alain Barrère profite de l'occasion pour souligner le danger inhérent au lieu. « Il y a une plate-forme d'eau très chaude. Certains bateaux et jet ski s'approchent dangereusement de la côte, ce qui n'est pas indispensable pour bien observer le phénomène. D'autant plus qu'il y a des arrêtés préfectoraux et municipaux ». Par rapport à 2004, l'arrivée de la lave en mer se montre plus dangereuse. La nappe brûlante se propage jusqu'à 300 ou 400 mètres de profondeur. Damien Frasson-Botton Photos Ludovic Laï-Yu et DR
Si le cercle biologique marin a du pain sur la planche, le même sort est réservé au monde volcanique. Cet événement prouve l'activité volcanique profonde intense. Et la découverte suscite de nombreuses interrogations. « Quelque chose se passe en profondeur. Il faut étudier l'impact de l'éruption à 300, 400, 500 mètres », avance Alain Barrère. « Je n'ai pas encore d'explications ». Forcément, des thèses émergent, dont celle-ci, pas convaincante aux yeux du spécialiste : « La lave peut sortir à 300 mètres de profondeur, mais on aurait d'autres signes révélateurs si tel était le cas ». Il croit plus sérieusement que l'éboulement de la lave le long des pentes littorales entraîne la descente de matériaux chauds dans les profondeurs. Qui tuerait les animaux. Ils remonteraient par la suite à la faveur d'un courant d'eau chaude. Autre élément d'explication : la lave dans l'eau modifie le milieu, qui deviendrait peu propice à la vie aquatique. « Il peut s'agir de la variation de température, des sels minéraux, de gaz ou encore d'appauvrissement en oxygène ». En outre, L'ARVAM devrait effectuer des prélèvements dans la paroi marine, pour déterminer l'existence de matériaux volcaniques à 300 mètres de profondeur. Grâce à la technique de la bouteille à renversement, l'eau sera analysée. Bref, le mystère reste entier. Et le spécialiste prévient « qu'il sera difficile d'avoir une réponse précise ».


Un poisson-globe encore jamais observé à la Réunion.
LE BESTIAIRE DES ABYSSES S'ALLONGE
Une nouvelle expédition au large des coulées en mer a permis hier de collecter des spécimens, en bon état, de poissons des grands fonds (nos précédentes éditions). Et là encore, les scientifiques exultent. Cette fois encore, ils ont ramené des espèces jamais été observées à La Réunion, cette fois encore. Grâce à La Fournaise et à son intense activité, le bestiaire des abysses s'allonge ainsi que la connaissance d'un milieu marin totalement méconnu.
Hier, vers 17 h à l'Aquarium de Saint-Gilles. L'impatience de Patrick Durville, l'un des biologistes de la structure, est palpable. Il attend l'arrivée d'Alain Barrère, conseiller scientifique de la Maison du volcan, et de sa cargaison très spéciale. Avec Jean-Pascal Quod, de l'Arvam, et le club de plongée de Sainte-Rose, ce dernier a de nouveau collecté des poissons des grands fonds. "Malgré le vent, une mer hachée, un dynamisme éruptif violent", l'équipe a renouvelé la pêche miraculeuse de dimanche et lundi (300 poissons représentant plus de 30 espèces). Cette dernière, conséquence des laves qui se jettent dans la mer, a une fois de plus été bonne. Elle est même excellente : "Cette fois, les spécimens sont en meilleur état. Certains étaient moribonds mais pas morts lorsqu'on les a repêchés", souligne Alain Barrère. Ils avaient donc encore leur couleur, leur corps n'était pas défiguré par la chaleur. Sans compter que, cette fois encore, de nouvelles espèces ont été prises dans les épuisettes de l'équipe. L'inventaire démarre dans les locaux techniques de l'Aquarium. "Regardez, c'est un fistularia petimba, un fistulaire qui évolue à plus de 300 m de profondeur, s'exclame Patrick Durville. Il ressemble à son homologue corallien, brun et bleu. Mais à sa différence, il est rosé". Petite taille, yeux démesurés, grandes bouches... les poissons qui s'étalent peu à peu sur la table affichent les caractéristiques de ceux qui évoluent dans les grands fonds. Là où la lumière perce à peine voire pas du tout, où le phytoplancton est inexistant. "Voilà une rascasse qui vit entre 500 et 1 000 m de profondeur ; un poisson-globe que l'on n'avait jamais observé". Suit un spécimen bleu, visiblement un carnassier. "Je ne sais même pas à quelle famille il appartient... ", lâche le biologiste.
"Nous avons récolté ces poissons à la frontière entre la nappe calorifique qui se forme depuis le point de rencontre entre les coulées et la mer. La température y atteint les 42 degrés. Pour ce qui est de la profondeur, elle surpassait les 300 m, mais nous n'avons pas plus de précisions, notre sondeur était hors service", précise Alain Barrère. Mais de toute évidence, nombre des spécimens récoltés appartiennent aux abysses. Un monde encore inconnu. "Les grands fonds représentent les trois quarts de la surface de la planète. Et nous ne connaissons qu'une infime partie. Les observations sont rares, nécessitent des sous-marins, les spécimens remontés ne sont observables que dans du formol... C'est inouï, une chance extraordinaire", s'enthousiasme Patrick Durville. Il ajoute : "A ma connaissance, rien de tel, n'a encore jamais été observé dans le monde". Le bestiaire abyssal réunionnais s'allonge donc. De nouvelles espèces évoluant dans les grands fonds vont venir enrichir la liste des poissons déjà observés. Un répertoire qui compte au jour d'aujourd'hui 1 000 espèces dont "entre 500 et 600 coralliennes, le reste étant des pélagiques ou provenant des grands fonds", précise le biologiste. Pour aider à la classification de ces spécimens "offerts" par le volcan, un taxonomiste du muséum d'histoire naturelle de Paris, Jean-Claude Quéro, est attendu dans l'île d'ici à nun mois. Cet éminent spécialiste, à la retraite, reprend du service pour l'occasion. Il a travaillé sur les campagnes du Marion-Dufresne et connaît la faune marine des Mascareignes. En attendant ses conclusions, nos étranges poissons ont été photographiés et congelés. Une fois l'étude menée, ils rejoindront la collection du muséum de La Réunion. Bruno Graignic
POURQUOI LES POISSONS REMONTENT ET MEURENT ?Hier, vers 17 h à l'Aquarium de Saint-Gilles. L'impatience de Patrick Durville, l'un des biologistes de la structure, est palpable. Il attend l'arrivée d'Alain Barrère, conseiller scientifique de la Maison du volcan, et de sa cargaison très spéciale. Avec Jean-Pascal Quod, de l'Arvam, et le club de plongée de Sainte-Rose, ce dernier a de nouveau collecté des poissons des grands fonds. "Malgré le vent, une mer hachée, un dynamisme éruptif violent", l'équipe a renouvelé la pêche miraculeuse de dimanche et lundi (300 poissons représentant plus de 30 espèces). Cette dernière, conséquence des laves qui se jettent dans la mer, a une fois de plus été bonne. Elle est même excellente : "Cette fois, les spécimens sont en meilleur état. Certains étaient moribonds mais pas morts lorsqu'on les a repêchés", souligne Alain Barrère. Ils avaient donc encore leur couleur, leur corps n'était pas défiguré par la chaleur. Sans compter que, cette fois encore, de nouvelles espèces ont été prises dans les épuisettes de l'équipe. L'inventaire démarre dans les locaux techniques de l'Aquarium. "Regardez, c'est un fistularia petimba, un fistulaire qui évolue à plus de 300 m de profondeur, s'exclame Patrick Durville. Il ressemble à son homologue corallien, brun et bleu. Mais à sa différence, il est rosé". Petite taille, yeux démesurés, grandes bouches... les poissons qui s'étalent peu à peu sur la table affichent les caractéristiques de ceux qui évoluent dans les grands fonds. Là où la lumière perce à peine voire pas du tout, où le phytoplancton est inexistant. "Voilà une rascasse qui vit entre 500 et 1 000 m de profondeur ; un poisson-globe que l'on n'avait jamais observé". Suit un spécimen bleu, visiblement un carnassier. "Je ne sais même pas à quelle famille il appartient... ", lâche le biologiste.
"Nous avons récolté ces poissons à la frontière entre la nappe calorifique qui se forme depuis le point de rencontre entre les coulées et la mer. La température y atteint les 42 degrés. Pour ce qui est de la profondeur, elle surpassait les 300 m, mais nous n'avons pas plus de précisions, notre sondeur était hors service", précise Alain Barrère. Mais de toute évidence, nombre des spécimens récoltés appartiennent aux abysses. Un monde encore inconnu. "Les grands fonds représentent les trois quarts de la surface de la planète. Et nous ne connaissons qu'une infime partie. Les observations sont rares, nécessitent des sous-marins, les spécimens remontés ne sont observables que dans du formol... C'est inouï, une chance extraordinaire", s'enthousiasme Patrick Durville. Il ajoute : "A ma connaissance, rien de tel, n'a encore jamais été observé dans le monde". Le bestiaire abyssal réunionnais s'allonge donc. De nouvelles espèces évoluant dans les grands fonds vont venir enrichir la liste des poissons déjà observés. Un répertoire qui compte au jour d'aujourd'hui 1 000 espèces dont "entre 500 et 600 coralliennes, le reste étant des pélagiques ou provenant des grands fonds", précise le biologiste. Pour aider à la classification de ces spécimens "offerts" par le volcan, un taxonomiste du muséum d'histoire naturelle de Paris, Jean-Claude Quéro, est attendu dans l'île d'ici à nun mois. Cet éminent spécialiste, à la retraite, reprend du service pour l'occasion. Il a travaillé sur les campagnes du Marion-Dufresne et connaît la faune marine des Mascareignes. En attendant ses conclusions, nos étranges poissons ont été photographiés et congelés. Une fois l'étude menée, ils rejoindront la collection du muséum de La Réunion. Bruno Graignic
C'est une certitude, c'est le volcan qui a causé la mort des spécimens qui gisent désormais à l'Aquarium. Comment et pourquoi ? Rien n'est encore clair. Alain Barrère et Patrick Durville élaborent à brûle-pourpoint, au même moment qu'ils analysent les spécimens, une hypothèse. "Leur vessie natatoire est gonflée à cause de la chaleur, mais leur peau n'est pas abîmée..., remarque Patrick Durville. Il se peut qu'un courant chaud les fasse remonter en surface. Et là, vu la température de l'eau, ils meurent". Alain Barrère suit le raisonnement : "Nous avons constaté de grosses explosions sous-marines en bordure dues à un regain de l'activité volcanique. Celles-ci ont peut-être causé des ondes qui ont choqué ces poissons. Ensuite, ils ont été ramenés en surface par les courants chauds". Tout cela reste du domaine du possible. Pratiquement aucune mesure n'a pu être effectuée avec la sonde et les bouteilles à renversement embarquées hier. Celles-ci auraient permis d'analyser la température, la conductivité et l'oxygène présent en profondeur. Autant d'éléments permettant de tirer quelques conclusions. De nouvelles expéditions sont déjà programmées pour ce week-end.

LE VOLCAN S'EFFONDRE POUR LA SECONDE FOIS
[13 avril 2007]

15 h 05 hier après-midi, des volutes grises, très chargées en particules, s'élèvent vers le ciel. Le cratère Dolomieu s'est effondré une seconde fois hier après-midi et menace désormais d'emporter son voisin dans sa chute.
La Fournaise dopée par les secousses. Alors qu'on imaginait une accalmie après l'annonce de la "fin" de l'éruption, mardi après-midi, le piton de la Fournaise est parti dans un scénario à rebondissements. Les effondrements à répétition au sommet à plus de 2 600 mètres d'altitude exercent une influence visible sur l'activité au niveau de la fissure éruptive qui s'est ouverte le 2 avril à 500 mètres d'altitude dans le Grand-Brûlé. Hier soir, de nouvelles coulées bien alimentées atteignaient en effet à nouveau l'océan.
D'AUTRES SURPRISES À ATTENDRELa Fournaise dopée par les secousses. Alors qu'on imaginait une accalmie après l'annonce de la "fin" de l'éruption, mardi après-midi, le piton de la Fournaise est parti dans un scénario à rebondissements. Les effondrements à répétition au sommet à plus de 2 600 mètres d'altitude exercent une influence visible sur l'activité au niveau de la fissure éruptive qui s'est ouverte le 2 avril à 500 mètres d'altitude dans le Grand-Brûlé. Hier soir, de nouvelles coulées bien alimentées atteignaient en effet à nouveau l'océan.
Il est 15 h 05 hier après-midi lorsque les caméras de l'observatoire volcanologique braquées sur le piton de la Fournaise voient surgir un panache caractéristique au-dessus du sommet du volcan. Distante d'environ trois kilomètres du sommet, la caméra du piton de Partage - en réalité une "webcam" programmée pour transmettre une image toutes les cinq minutes - est basculée sur un mode d'acquisition plus rapide. Les volutes grises montent dans l'atmosphère, prennent de l'ampleur, avant de commencer à s'étaler lentement puis à se dissiper. Une autodestruction programmée. Un séisme de forte magnitude, après une journée déjà assez agitée sur le plan sismique, est assez puissant pour saturer un capteur de l'observatoire installé à Cilaos. C'est lui qui est à l'origine de ce second effondrement du cratère Dolomieu intervenu après celui de vendredi qui a ouvert un gouffre de 300 mètres de profondeur au sommet du volcan. À cette heure, on ignore pourtant tout encore des conséquences de ce nouvel événement. Il faut attendre la fin de l'après-midi et un survol à l'initiative de l'équipe de RFO du Sud qui suit l'éruption pour en savoir un peu plus. La machine embarque Thomas Staudacher, responsable de l'observatoire volcanologique. De toute évidence, non seulement la scène de ménage de mardi autour des panneaux solaires devra être réitérée, vu le nuage de poussière expulsé hier par le volcan, mais surtout la transformation du sommet du piton de la Fournaise en train de s'opérer risque de dépasser l'imaginable : le volcan est en train de s'autodétruire purement et simplement puisqu'un pan entier du cratère Bory, affaissé, est désormais prêt à basculer dans le cratère Dolomieu ! Pour cela, il n'a eu qu'à suivre une ligne de faille prédécoupée, parfaitement visible sur les photos aériennes, aujourd'hui à deux doigts de faire le grand saut. Plusieurs des banquettes demeurées à peu près en place essentiellement dans l'est du Dolomieu après l'effondrement initial de vendredi dernier ont pour leur part sombré corps et biens cette fois, réduites à un chaos de blocs entassé au fond du Dolomieu. Hier soir, Thomas Staudacher se déclarait incapable d'évaluer la nouvelle profondeur du cratère, dont le fond est de toute façon envahi par les éboulis. Et sans doute les observateurs du volcan ne sont-ils pas au bout de leurs surprises. François Martel-Asselin
Autant en emporte le vent Les webcams de l'observatoire volcanologique ont permis de suivre pas à pas les émanations du piton de la Fournaise. Ainsi, le nuage se dirige visiblement vers la caméra du piton des Basaltes, située à l'ouest-nord-ouest du sommet, à sept kilomètres de là, au niveau du pas des Sables, près de l'oratoire Sainte-Thérèse. Pas de quoi s'affoler pourtant, puisque le Centre conseil en cendre volcanique de Météo-France à Toulouse (VAAC, Volcanic Ash Advisory Center), compétent pour la zone Europe-Inde-Afrique n'émet qu'un simple avis à destination des pilotes de ligne. Météo France, à la Réunion, indique pour sa part en fin d'après-midi que sont attendues « des retombées de poussières volcaniques dans une zone comprise entre Sainte-Rose et Saint-Pierre (...) atténuées toutefois par des averses ». Dans la soirée, aucune vague de témoignages massive n'avait cependant touché les radios locales.
L'échelle de Picard Yves Picard, responsable du gîte du volcan, était en train d'effectuer des travaux sur le plafond du snack-relais du pas de Bellecombe lorsqu'il a entendu un vacarme lui laissant penser que ses ouvriers avaient laissé tomber des matériaux. "J'ai cru qu'on avait bousculé mon échelle", ajoute notre Richter qui est passé à deux doigts d'une vocation. Depuis quelques jours, la fréquentation du pas de Bellecombe est en chute libre en raison de l'interdiction non seulement de tous les sentiers du secteur mais aussi ... du belvédère, les visiteurs étant priés de rester sur le parking, une consigne très peu respectée de toute façon. On n'est jamais assez prudent sans doute.
Autant en emporte le vent Les webcams de l'observatoire volcanologique ont permis de suivre pas à pas les émanations du piton de la Fournaise. Ainsi, le nuage se dirige visiblement vers la caméra du piton des Basaltes, située à l'ouest-nord-ouest du sommet, à sept kilomètres de là, au niveau du pas des Sables, près de l'oratoire Sainte-Thérèse. Pas de quoi s'affoler pourtant, puisque le Centre conseil en cendre volcanique de Météo-France à Toulouse (VAAC, Volcanic Ash Advisory Center), compétent pour la zone Europe-Inde-Afrique n'émet qu'un simple avis à destination des pilotes de ligne. Météo France, à la Réunion, indique pour sa part en fin d'après-midi que sont attendues « des retombées de poussières volcaniques dans une zone comprise entre Sainte-Rose et Saint-Pierre (...) atténuées toutefois par des averses ». Dans la soirée, aucune vague de témoignages massive n'avait cependant touché les radios locales.
L'échelle de Picard Yves Picard, responsable du gîte du volcan, était en train d'effectuer des travaux sur le plafond du snack-relais du pas de Bellecombe lorsqu'il a entendu un vacarme lui laissant penser que ses ouvriers avaient laissé tomber des matériaux. "J'ai cru qu'on avait bousculé mon échelle", ajoute notre Richter qui est passé à deux doigts d'une vocation. Depuis quelques jours, la fréquentation du pas de Bellecombe est en chute libre en raison de l'interdiction non seulement de tous les sentiers du secteur mais aussi ... du belvédère, les visiteurs étant priés de rester sur le parking, une consigne très peu respectée de toute façon. On n'est jamais assez prudent sans doute.

Une chose est sûre : "Tout le monde veut aujourd'hui aller photographier le phénomène". L'effondrement du cratère Dolomieu constitue en effet un événement exceptionnel dans l'histoire du piton de la Fournaise (notre édition de mercredi), qui devrait durablement conditionner l'accès à l'enclos du volcan et plus encore l'itinéraire vers le sommet, le sentier du "tour des cratères" ayant même partiellement disparu. Le rempart a en effet reculé de plusieurs dizaines de mètres au bas mot sur le versant sud du Dolomieu (notre édition d'hier). Or, de nouveaux effondrements majeurs ne sont pas également à exclure tant que la sismicité n'aura pas cessé. Du côté de l'ONF, comme de la sécurité civile, une seule préoccupation : permettre l'accès dans les meilleures conditions de sécurité tout en sachant qu'évoluer en montagne et à plus forte raison sur un volcan, même hors contexte éruptif, n'est pas exempt de risques. En précisant qu'une reconnaissance sera organisée dès que possible pour se rendre compte précisément de la nouvelle configuration des lieux, avant de faire des propositions au préfet sur les aménagements à réaliser à court et à moyen termes pour permettre le retour des randonneurs sur le site. Mais on est très loin d'en être là aujourd'hui. Du côté du Comité de randonnées pédestres de La Réunion (1 864 randonneurs affiliés en 2005) et de son président, Guy-Léandre Jista, on espère en tout cas que la réactivité des autorités permettra une réouverture rapide une fois le calme revenu sur la Fournaise. "Que les études soient menées dans les meilleurs délais pour permettre de nouveau l'accès aux randonneurs réunionnais, aux touristes, mais aussi aux scolaires", souhaite celui-ci. Un vœu partagé par le directeur adjoint de la Maison de la Montagne, Fernand Payet, tout en "faisant confiance aux autorités pour que chacun puisse assister bientôt à cette renaissance du Dolomieu"... En attendant, toute tentative de redéfinition de l'itinéraire semble bien vaine tant la topographie des cratères évolue de jour en jour. Patience... P.M.
SITUATION STATIONNAIRE HIER AU VOLCAN

Le cratère Dolomieu, jusqu'à la semaine dernière, offrait l'aspect d'un vaste plateau (1ère photo). Vendredi, il s'est effondré une première fois, révélant un gouffre de 300 mètres de profondeur. La cloison qui le séparait du cratère Bory a en partie disparu. Jeudi (2ème photo), il s'est effondré une seconde fois, entraînant dans le chaos un vaste pan de son voisin, le cratère Bory. Les fissures déjà présentes s'y sont encore élargies et tout indique que la zone qu'elles délimitent va prochainement elle aussi disparaître... (photos OVPF).
Après le spectaculaire effondrement du sommet de jeudi après-midi, la sismicité a baissé hier mais d'autre événements du même type sont appelés à se reproduire, qui vont continuer à entraîner les cratères dans le chaos.
L'explication des événements. L'éruption du piton de la Fournaise se poursuit, il faut donc s'y résoudre, malgré un semblant d'endormissement mardi. La déstabilisation de sa structure interne a-t-elle mis en route un cycle où la pression qui s'exerce sur la chambre magmatique intensifie le débit du magma au niveau du sité éruptif situé sur les hauteurs du Grand-Brûlé ? L'observatoire, hier, au lendemain du séisme de magnitude 3,5 qui a propulsé dans l'atmosphère un panache de poussière de plusieurs centaines de mètres de hauteur et entraîné une augmentation sensible du débit des fontaines de lave et des coulées dans le Grand-Brûlé, a proposé cette interprétation des événements : "La sismicité se produit en profondeur sous le cratère Dolomieu, déstabilisant le "piston" entre la chambre magmatique et le sommet, aboutissant à un effondrement en profondeur, qui se répercute jusqu'à la surface. Ceci augmente la pression sur la chambre magmatique et intensifie le débit de magma vers l'éruption". Rien ne permet de penser que cette situation va cesser rapidement. D'ailleurs, les photographies prises par l'observatoire volcanologique après l'effondrement de jeudi après-midi sont claires : d'autres effondrements vont se produire, comme en témoignent les gigantesques fissures qui délimitent des pans entiers du cratère Bory prêts à basculer dans le cratère Dolomieu.
LE TREMBLET ENCORE TOUCHÉAprès le spectaculaire effondrement du sommet de jeudi après-midi, la sismicité a baissé hier mais d'autre événements du même type sont appelés à se reproduire, qui vont continuer à entraîner les cratères dans le chaos.
L'explication des événements. L'éruption du piton de la Fournaise se poursuit, il faut donc s'y résoudre, malgré un semblant d'endormissement mardi. La déstabilisation de sa structure interne a-t-elle mis en route un cycle où la pression qui s'exerce sur la chambre magmatique intensifie le débit du magma au niveau du sité éruptif situé sur les hauteurs du Grand-Brûlé ? L'observatoire, hier, au lendemain du séisme de magnitude 3,5 qui a propulsé dans l'atmosphère un panache de poussière de plusieurs centaines de mètres de hauteur et entraîné une augmentation sensible du débit des fontaines de lave et des coulées dans le Grand-Brûlé, a proposé cette interprétation des événements : "La sismicité se produit en profondeur sous le cratère Dolomieu, déstabilisant le "piston" entre la chambre magmatique et le sommet, aboutissant à un effondrement en profondeur, qui se répercute jusqu'à la surface. Ceci augmente la pression sur la chambre magmatique et intensifie le débit de magma vers l'éruption". Rien ne permet de penser que cette situation va cesser rapidement. D'ailleurs, les photographies prises par l'observatoire volcanologique après l'effondrement de jeudi après-midi sont claires : d'autres effondrements vont se produire, comme en témoignent les gigantesques fissures qui délimitent des pans entiers du cratère Bory prêts à basculer dans le cratère Dolomieu.
Stations de l'observatoire en péril. Les scientifiques envisagent de déplacer au moins deux de leurs stations sismiques, a expliqué hier Philippe Kowalski, responsable technique de l'observatoire. Celles-ci sont en effet menacées en cas de nouvel effondrement du rempart, qui a déjà reculé d'une cinquantaine de mètres au niveau de Dolomieu Sud. Mais il faut attendre un retour au calme sismique pour procéder à une telle opération. Le calme revient. Hier matin, le débit des fontaines de lave comme celui des coulées qui avaient nouveau atteint la mer a décru. Après son augmentation jeudi, le trémor éruptif a baissé en cours de journée. Nouvelles pluies acides au Tremblet. Le mauvais temps couplé aux nouvelles arrivées de lave en mer a provoqué hier encore des retombées de sable volcanique et de pluies acides sur la région du village du Tremblet Pour voir l'éruption. L'accès côté Saint-Philippe reste interdit, en raison notamment de l'absence de point de vue sûr. Hier des cordistes sont intervenus pour nettoyer le rempart du Tremblet en surplomb des rampes où les incendies provoqués par la chaleur ont atteint la végétation et déstabilisé le sol. Les travaux de purge pourraient durer une semaine. Côté Sainte-Rose, rien ne sert de vouloir approcher trop près : les coulées actives se situent loin au milieu de la zone recouvertes par la lave (la route a été coupée sur environ 1,3 km). Les meilleurs points de vue sont donc en hauteur (Bel Air, rampes de Bois-Blanc). François Martel-Asselin
LA VIE REPREND AU BORD DES COULEES[16 avril 2007]

Un regain d'activité a été observé dans le Grand-Brûlé samedi et s'est poursuivi jusque dans la matinée de dimanche, essentiellement visible depuis le village du Tremblet, toujours inaccessible au public. Hier, la vie continuait à reprendre à quelques pas de l'enclos du volcan.
Après une distribution d'eau la veille, le nettoyage des cours a continué hier avec l'association Pasrel. Le restaurant Le Vieux Port a recommencé à servir quelques clients, seule concession à l'interdiction d'accès à la zone tandis qu'on commentait le nouveau supplément du Journal de l'île consacré à l'éruption : sous les yeux d'Honoré, sportif éprouvé qui connaît tous les sentiers du coin (et pour cause : il demeure dans la dernière case à gauche avant la descente des rampes), Lorrain, le rasta du Tremblet, son voisin d'en face, s'est découvert en photo dans ce numéro qui témoigne de l'épreuve subie depuis le 2 avril. Frédo, fidèle à lui-même, est monté pour la centième fois le long du rempart, s'est perché dans un arbre, pour commenter le spectacle, forcément sublime, à l'intention des auditeurs de Radio-Freedom... Photos François Martel-Asselin
QUATRIEME SEMAINE D'ERUPTIONAprès une distribution d'eau la veille, le nettoyage des cours a continué hier avec l'association Pasrel. Le restaurant Le Vieux Port a recommencé à servir quelques clients, seule concession à l'interdiction d'accès à la zone tandis qu'on commentait le nouveau supplément du Journal de l'île consacré à l'éruption : sous les yeux d'Honoré, sportif éprouvé qui connaît tous les sentiers du coin (et pour cause : il demeure dans la dernière case à gauche avant la descente des rampes), Lorrain, le rasta du Tremblet, son voisin d'en face, s'est découvert en photo dans ce numéro qui témoigne de l'épreuve subie depuis le 2 avril. Frédo, fidèle à lui-même, est monté pour la centième fois le long du rempart, s'est perché dans un arbre, pour commenter le spectacle, forcément sublime, à l'intention des auditeurs de Radio-Freedom... Photos François Martel-Asselin
[25 avril 2007]

L'activité du piton de la Fournaise s'installe dans la durée. Dans la nuit de lundi à mardi, les habitants du Tremblet ont ressenti un séisme correspondant à un "craquement" de la plate-forme de lave qui s'est construite sur l'océan, déstabilisée par son propre poids. Rien d'inquiétant pour le village.
Les coulées étaient toujours abondantes, hier matin dans le Grand-Brûlé, mais peu visibles depuis le côté Sainte-Rose. Il faudra donc attendre l'ouverture de l'accès au public côté Saint-Philippe pour en profiter, en espérant que le spectacle dure jusque-là. Le trémor éruptif reste faible et pourtant, le piton de la Fournaise laisse échapper des flots impressionnants par moments, sans pour autant que les coulées atteignent la mer. Le village du Tremblet en est illuminé la nuit. Parfois, comme hier matin, des projections et un panache sont visibles au niveau du cône à 650 mètres d'altitude, mais la lave sort à une altitude beaucoup plus basse, se répandant alors en de multiples bras. À noter que le trémor enregistré sous le sommet persiste et est essentiellement observé par les stations sommitales. Par ailleurs, un séisme a été enregistré dans la nuit de lundi à mardi, à 0h54, par tout le réseau sismique et ressenti par les habitants au Tremblet. "Il s'agit d'un séisme très superficiel venant de la plate-forme qui s'est formée sur la mer et provoqué par une instabilité de cette plate-forme, indique l'observatoire volcanologique. Un effondrement partiel de celle-ci n'est pas à exclure. Attention aux petits bateaux à proximité de la côte en face de l'éruption." De fait, la préfecture n'a pas tardé à réagir en rappelant la zone d'exclusion maritime définie autour des points d'arrivée en mer de la coulée : toutes les activités nautiques ou subaquatiques y sont interdites. F.M.-A. - Photos Serge Gélabert
Les coulées étaient toujours abondantes, hier matin dans le Grand-Brûlé, mais peu visibles depuis le côté Sainte-Rose. Il faudra donc attendre l'ouverture de l'accès au public côté Saint-Philippe pour en profiter, en espérant que le spectacle dure jusque-là. Le trémor éruptif reste faible et pourtant, le piton de la Fournaise laisse échapper des flots impressionnants par moments, sans pour autant que les coulées atteignent la mer. Le village du Tremblet en est illuminé la nuit. Parfois, comme hier matin, des projections et un panache sont visibles au niveau du cône à 650 mètres d'altitude, mais la lave sort à une altitude beaucoup plus basse, se répandant alors en de multiples bras. À noter que le trémor enregistré sous le sommet persiste et est essentiellement observé par les stations sommitales. Par ailleurs, un séisme a été enregistré dans la nuit de lundi à mardi, à 0h54, par tout le réseau sismique et ressenti par les habitants au Tremblet. "Il s'agit d'un séisme très superficiel venant de la plate-forme qui s'est formée sur la mer et provoqué par une instabilité de cette plate-forme, indique l'observatoire volcanologique. Un effondrement partiel de celle-ci n'est pas à exclure. Attention aux petits bateaux à proximité de la côte en face de l'éruption." De fait, la préfecture n'a pas tardé à réagir en rappelant la zone d'exclusion maritime définie autour des points d'arrivée en mer de la coulée : toutes les activités nautiques ou subaquatiques y sont interdites. F.M.-A. - Photos Serge Gélabert

LA LAVE EN ROUTE VERS LE TREMBLET
[27 avril 2007]

Les habitants du Temblet vivent avec le volcan depuis trois semaines. Les coulées se rapprochent chaque jour du rempart. Les villageois ne paniquent pas mais sont inquiets. « Nous sommes pressés que tout cela finisse, pressés de dormir enfin sur nos deux oreilles », disent-ils.

Laurent Dijoux, sa compagne Guylène et leurs deux enfants sont venus aux nouvelles. Au plus près des coulées de lave qui depuis trois semaines maintenant déferlent du rempart. Depuis deux ans, la famille habite à l'entrée du village. Guylène est originaire du Tremblet. « Nous étions contents d'habiter là. Mais maintenant s'il est possible de vendre la maison et de partir ailleurs, je pense qu'on partira avec plaisir », ne cache pas la jeune femme. Car comme tous les habitants du Tremblet, le couple vit dans la crainte. Les bras de feu liquide se rapproche un peu plus chaque jour du rempart et « personne ne sait vraiment ce qui va se passer », souligne Laurent Dijoux. Alors, en cette fin d'après-midi d'hier, c'est en famille qu'ils sont venus constater l'avancée des coulées. Lesquelles sont effectivement plus proches.

« En fait, je viens tous les jours. J'ai besoin de voir de mes propres yeux ce que fait le volcan. C'est normal, j'ai trois enfants et je veux m'assurer qu'ils ne sont pas en danger », commente Gilles Collete qui lui aussi est venu aux nouvelles. « Parfois les gendarmes ne nous laissent pas passer le barrage. Je ne comprends pas pourquoi. On habite ici, on a le droit de savoir ce qui se passe. Heureusement, dans la plupart des cas on nous laisse passer », dit-il encore. De fait, ils sont tout un groupe d'habitants à franchir le barrage. En quelques dizaines de mètres, l'air devient franchement irrespirable. En contrebas du rempart, le spectacle est sans doute proche de celui qui se jouait au commencement du monde. Une immense mer de lave à peine refroidie en surface mais bouillonnante quelques centimètres en dessous est sillonnée par plusieurs bras de lave. Parfois, des plaques entières de matière encore brûlantes sont soulevées et laissent apparaître des lacs de lave. Deux coulées se jettent dans la mer provoquant d'immenses panaches de fumée. Le spectacle est magnifique. « Oui, pas pour les gens qui habitent ici. Pour nous c'est un danger et franchement nous souhaitons qu'il se termine le plus rapidement possible », lance Rico, président d'une association de quartier.