1er avril 2011 : une départementalisation en forme de poison !
Difficile d’avoir de vraies infos sur ce qui se passe actuellement à Mayotte. Les TV ne relaient que ce qu’elles veulent bien relayer, très peu en l’occurrence et en péchant souvent (comme d’habitude), par manque d’objectivité ou (tout « bêtement ») de professionnalisme débouchant sur une fatale infidélité aux faits !
A la différence de ces médias qui font primer sensationnel et raccourci facile sur la réalité d’événements dont les tenants et les aboutissants sont bien plus complexes que ce qu’on nous laisse entendre, Rue89 a su intelligemment solliciter le témoignage des habitants de l’île.
Ceux-ci (rapportés plus bas) rejoignent les échos que nous en avons, ici, à La Réunion, où nous rencontrons de + en + d'habitants de Mayotte venus chez nous rejoindre des amis ou de la famille pour fuir le conflit et qui nous relatent l’histoire telle qu’elle se passe et se vit, en nous faisant part de leur crainte justifiée face au sentiment que tout est fait (c’est-à-dire RIEN : aucune réponse responsable, que du bricolage de bas-étage qui envenime plus qu’il n’apaise) pour que chaos et pourrissement fassent leur œuvre !
Ils s'alarment également du sidérant constat, fait en amont, de la gestion inexistante d’une départementalisation qui a bouleversé la donne en apportant son lot de cadeaux mais aucune exigence en retour (pas d'apprentissage de la langue, ni d'initiation aux valeurs républicaines… comme on aurait pu s’y attendre). C’est donc un peu comme des « enfants gâtés » [les plus « perturbateurs » sont d’ailleurs véritablement des gamins, trop heureux de pouvoir jouer les gros bras] qui, forts de leurs droits à la parole et aux revendications (tout à fait légitimes, entendons-nous bien !) font montre (et démonstration !) d'une violence surjouée comme pour bien acter, « noir sur blanc », que c’est fini le temps des colonies !
Sont pointés du doigt, ici, les seuls responsables de cette situation tendue et critique : le petit « chef » et l’orchestre entier des baltringues qui gouvernent actuellement notre pays, qui ont trouvé encore une fois l’occasion de se distinguer pour n’avoir absolument pas mesuré ce que représentait la départementalisation de Mayotte dont les spécificités et particularismes ne pouvaient, en aucune manière, être pris à la légère, c’est-à-dire, comme c'est le cas, inconsidérés et mis de côté !!!...
Nouvelle croix à graver donc au tableau de l’incompétence suprême de nos… guignols sommitaux, qui n’amusent qu’eux-mêmes hélas!... en condamnant toujours la base qu’ils piétinent, à payer seule les frais des pots cassés !
A la différence de ces médias qui font primer sensationnel et raccourci facile sur la réalité d’événements dont les tenants et les aboutissants sont bien plus complexes que ce qu’on nous laisse entendre, Rue89 a su intelligemment solliciter le témoignage des habitants de l’île.
Ceux-ci (rapportés plus bas) rejoignent les échos que nous en avons, ici, à La Réunion, où nous rencontrons de + en + d'habitants de Mayotte venus chez nous rejoindre des amis ou de la famille pour fuir le conflit et qui nous relatent l’histoire telle qu’elle se passe et se vit, en nous faisant part de leur crainte justifiée face au sentiment que tout est fait (c’est-à-dire RIEN : aucune réponse responsable, que du bricolage de bas-étage qui envenime plus qu’il n’apaise) pour que chaos et pourrissement fassent leur œuvre !
Ils s'alarment également du sidérant constat, fait en amont, de la gestion inexistante d’une départementalisation qui a bouleversé la donne en apportant son lot de cadeaux mais aucune exigence en retour (pas d'apprentissage de la langue, ni d'initiation aux valeurs républicaines… comme on aurait pu s’y attendre). C’est donc un peu comme des « enfants gâtés » [les plus « perturbateurs » sont d’ailleurs véritablement des gamins, trop heureux de pouvoir jouer les gros bras] qui, forts de leurs droits à la parole et aux revendications (tout à fait légitimes, entendons-nous bien !) font montre (et démonstration !) d'une violence surjouée comme pour bien acter, « noir sur blanc », que c’est fini le temps des colonies !
Sont pointés du doigt, ici, les seuls responsables de cette situation tendue et critique : le petit « chef » et l’orchestre entier des baltringues qui gouvernent actuellement notre pays, qui ont trouvé encore une fois l’occasion de se distinguer pour n’avoir absolument pas mesuré ce que représentait la départementalisation de Mayotte dont les spécificités et particularismes ne pouvaient, en aucune manière, être pris à la légère, c’est-à-dire, comme c'est le cas, inconsidérés et mis de côté !!!...
Nouvelle croix à graver donc au tableau de l’incompétence suprême de nos… guignols sommitaux, qui n’amusent qu’eux-mêmes hélas!... en condamnant toujours la base qu’ils piétinent, à payer seule les frais des pots cassés !
Mais quelle est cette France qui s’acharne à détruire le meilleur d’elle-même : SA DIVERSITE !
... et prend un malin plaisir à tester, chaque fois, jusqu’où peut aller le point de rupture !
????
Espérons que Mayotte se relèvera de cette mise à mal qu’elle ne méritait vraiment pas !

Mayotte, située à l'entrée du canal de Mozambique entre Madagascar et la côte africaine, se compose de 2 îles,
appelées Petite Terre et Grande Terre, et d'une vingtaine d'ilots disséminés dans le plus grand lagon du monde.
Le français est la langue officielle mais les Mahorais parlent aussi le shimaoré (bantou) et le kibushi (malgache).
Française depuis 1841, elle est devenue le 101ème département de France (5ème d’Outremer) le 1er avril 2011.
[mais il semblerait que ce soit une vaste farce…]
... et prend un malin plaisir à tester, chaque fois, jusqu’où peut aller le point de rupture !
????
Espérons que Mayotte se relèvera de cette mise à mal qu’elle ne méritait vraiment pas !

Mayotte, située à l'entrée du canal de Mozambique entre Madagascar et la côte africaine, se compose de 2 îles,
appelées Petite Terre et Grande Terre, et d'une vingtaine d'ilots disséminés dans le plus grand lagon du monde.
Le français est la langue officielle mais les Mahorais parlent aussi le shimaoré (bantou) et le kibushi (malgache).
Française depuis 1841, elle est devenue le 101ème département de France (5ème d’Outremer) le 1er avril 2011.
[mais il semblerait que ce soit une vaste farce…]
Les récits qui suivent permettent de mesurer les dégâts, le manque de considération et le mépris avec lequel ce conflit, somme toute banal et légitime au départ (prix plus bas exigés pour 8 produits de 1ère nécessité) tourna à l’incompréhension, à l’affrontement puis à la catastrophe, dans l’indifférence totale de Maître Roitelet, sur son trône perché, qui toise de haut (et de loin surtout!) ce néo-département ultramarin dont il était si fier naguère (quand "n’avait pas guerre" !!) et qu’il laisse, à présent, ultra-mariner… dans le feu et le sang.
Avec, d’un côté, les « emmayottés » (enfants abandonnés de la Nation) et de l’autre, l’« emmaillotée » (fille reconnue de l’Empireur de France) s’affiche clairement un « Pourri-Match » où le poids des maux et le choc de la « faute-haute présidentielle » valent peanuts !... JUSQU'A CE QUE VOUS REAGISSIEZ ENFIN, LOINTAINS CONCITOYENS (tout attaché SVP :-) !!!
POUR CE FAIRE, nous insérons en préambule 3 articles parus ce jour (21 octobre) dans "le Journal de l’île" (de La Réunion) concernant le silence assourdissant des médias de la métropole :
Avec, d’un côté, les « emmayottés » (enfants abandonnés de la Nation) et de l’autre, l’« emmaillotée » (fille reconnue de l’Empireur de France) s’affiche clairement un « Pourri-Match » où le poids des maux et le choc de la « faute-haute présidentielle » valent peanuts !... JUSQU'A CE QUE VOUS REAGISSIEZ ENFIN, LOINTAINS CONCITOYENS (tout attaché SVP :-) !!!
POUR CE FAIRE, nous insérons en préambule 3 articles parus ce jour (21 octobre) dans "le Journal de l’île" (de La Réunion) concernant le silence assourdissant des médias de la métropole :
Mayotte, l’oubliée des médias ?
Pour la CGT France Télévisions, la violente grève qui secoue l’île aux parfums depuis près d’un mois ne trouve pas sa place au sein de la "grand-messe" de 20h sur France 2. Dans une lettre virulente de trois pages adressée à Rémy Pfimlin, PDG du groupe, le syndicat dénonce la manière dont le traitement de l’information du journal télévisé. "Depuis plus de trois semaines, un département français est à feu et à sang. Les entreprises sont fermées, les rues bloquées, l’économie en plein effondrement. Malgré les deux visites de sa ministre de l’Outre-Mer (…) c’est le grand silence à France Télévisions", accusent les signataires de la lettre. Pour eux, l’information est pourtant mise à disposition par les journalistes de Mayotte 1ère.
Les rédactions de France 2 et France 3 n’en disposeraient tout simplement pas. Ils dénoncent l’absence d’analyse critique, de sujets traités en profondeur. La CGT France Télévisions s’interroge sur cette négation de l’information, allant jusqu’à y voir une stratégie gouvernementale.
Une journaliste mahoraise estime que cette absence des médias métropolitains est une question de kilomètre sentimental : "Un mort à 10 km est plus important que 10 morts à 10 000 km. Je pense aussi que c’est une volonté pour ne pas embraser les autres territoires d’outre-mer. Mais c’est certain que c’est très mal vécu ici. La population a l’impression de ne pas faire partie de la métropole."
Les rédactions de France 2 et France 3 n’en disposeraient tout simplement pas. Ils dénoncent l’absence d’analyse critique, de sujets traités en profondeur. La CGT France Télévisions s’interroge sur cette négation de l’information, allant jusqu’à y voir une stratégie gouvernementale.
Une journaliste mahoraise estime que cette absence des médias métropolitains est une question de kilomètre sentimental : "Un mort à 10 km est plus important que 10 morts à 10 000 km. Je pense aussi que c’est une volonté pour ne pas embraser les autres territoires d’outre-mer. Mais c’est certain que c’est très mal vécu ici. La population a l’impression de ne pas faire partie de la métropole."
"Aucune distance journalistique raisonnable"
Car sur le terrain, les événements déchaînent les passions. Un journaliste réunionnais dépêché à Mayotte témoigne : "J’ai été stupéfait de voir les journalistes rigoler avec le sous-préfet, plaisanter avec la chargée de communication… il n’y avait là aucune distance journalistique raisonnable. J’ai même surpris une conversation entre un journaliste de Kwezi FM, le Freedom local, et un autre de Mayotte 1ère. Le premier disait qu’il avait dû écourter une émission car il allait finir par orienter le débat. L’autre lui a répondu qu’il avait bien fait ne pas taper sur la ministre (Marie-Luce Penchard, ndlr) car c’était une question de conscience professionnelle. Il a conclu : en revanche, ton papier sur les p’tits cons qui n’ont rien à faire dans les manifs, c’est très bien". Manque d’information, information orientée ? Internet, forums et autres Twitter explosent de commentaires. Sur le site Rue89, Julie L., résidente à Mayotte résume la situation : "Ici, on vit cette situation comme un désintérêt inacceptable et meurtrier de la part de l’Etat"
Anne Mariotti
Anne Mariotti
“La télé et la radio manquent de recul”
Qui de mieux pour parler du traitement local des événements de Mayotte qu’une journaliste mahoraise ? "Le traitement par les médias locaux a été assez varié", dit-elle. "Au niveau des radios, certains ont attisé. Il n’y avait pas de recul au niveau des informations. Je dirais qu’il y a là une certaine immaturité. Dans ce contexte, chaque mot doit être vérifié car on a dû faire face à une campagne de rumeurs par SMS." Et de poursuivre : "Ici, on a la difficulté de la barrière de la langue et de l’illettrisme. La radio et la télé sont donc les seuls médias auxquels une partie de la population a accès. Or, le travail de fond a seulement été fait par la presse écrite. La radio et la télé se sont retrouvées dans l’impossibilité de relayer un autre discours de celui qui circule dans les manifestations. Pas celui de la partie silencieuse. On ne fait pas l’effort d’aller chercher en dehors des apparences. On croit donc que le mouvement fait l’unanimité alors qu’une partie de la population n’est pas d’accord avec la manière de faire." Quant au traitement réservé aux journalistes de Mayotte Première dans les manifestations, souvent pris à partie ? La journaliste répond : "La position de Mayotte Première est délicate car c’est la télévision de référence. La moindre petite chose et on leur reproche. Et ils ne font pas vraiment de contre-enquête alors qu’il n’y a qu’eux qui peuvent faire circuler l’information à travers la population." Et de conclure : "La grosse difficulté que nous avons tous rencontré est aussi le fait que le patronat n’a pas voulu parler. Ils ont reçu des menaces "
Nicolas Goinard
Nicolas Goinard
L’île au lagon se dépeuple
Depuis le début des événements, les vols sont pleins au départ de Dzaoudzi.
Difficile de trouver une place dans les avions au départ de Dzaoudzi. Depuis le début des événements de Mayotte, une sorte d’exode s’organise. Tous les jours, des résidents quittent l’île au lagon pour rejoindre La Réunion ou la métropole. France Ô a notamment proposé aux salariés qui le souhaitent de se faire rapatrier. Une femme et ses trois enfants prenaient l’avion hier pour la métropole. "Il n’y aurait pas eu les événements de la nuit, je serais restée. Mais là, on n’a pas dormi du tout." Elle fait référence aux échauffourées de Pamandzi. Cette autre femme est dans le même cas. Elle part sans son mari et ses enfants. Mais elle compte bien retrouver toute sa famille en métropole si le calme ne revient pas dans l’île au lagon. Christian est aussi dans cet avion d’Air Austral qui décollait hier à 13 heures. Originaire de Saint-Leu, il vit depuis 2007 à Passamainty, dans l’agglomération de Mamoudzou. "J’ai investi mon argent personnel pour installer mon entreprise à Mayotte." Il a ainsi créé un garage qui fait aussi casse et fourrière. Mais depuis le début des événements, il ne travaille pas ou peu. "Au départ, mon activité était de 30% par rapport à d’habitude. On a tenu dix jours. Puis plus rien." Son entreprise a pris cette grève de plein fouet. Sur cinq salariés, il va en licencier deux. Et il compte partir. Vendre. Rentrer à La Réunion. "J’ai déjà connu cette situation en mars 2008 au moment de l’arrivée de Mohamed Bacar. On avait rentré les voitures en catastrophe. Mayotte, si c’est stable, on travaille bien. Mais voilà, beaucoup de chefs d’entreprise quittent le navire maintenant. Certains ont prévu de revenir en janvier. Moi, je vais attendre que ça se calme pour y retourner et je rentrerai définitivement à La Réunion". La crise a aussi posé de problèmes en terme de nourriture. Christian explique : "Il y a eu une certaine solidarité entre Réunionnais. On arrivait donc à trouver des boîtes de sardine par exemple. Mais ça commençait à manquer." Julie est aussi Réunionnaise. Elle vit à Cavani et rentre à La Réunion pour le week-end. "Je vais rentrer avec des courses. J’y suis déjà allée hier matin (mercredi, NDLR). Mais il y avait un climat de peur. Tout le monde faisait ses courses à la hâte craignant que les manifestants viennent fermer le magasin. Les gens disaient que c’était chaud à Kawéni." La grande partie des passagers de cet avion hier était donc des personnes partant pour trouver un peu de calme loin des bombes lacrymogènes et des grenades assourdissantes.
Nicolas Goinard
Difficile de trouver une place dans les avions au départ de Dzaoudzi. Depuis le début des événements de Mayotte, une sorte d’exode s’organise. Tous les jours, des résidents quittent l’île au lagon pour rejoindre La Réunion ou la métropole. France Ô a notamment proposé aux salariés qui le souhaitent de se faire rapatrier. Une femme et ses trois enfants prenaient l’avion hier pour la métropole. "Il n’y aurait pas eu les événements de la nuit, je serais restée. Mais là, on n’a pas dormi du tout." Elle fait référence aux échauffourées de Pamandzi. Cette autre femme est dans le même cas. Elle part sans son mari et ses enfants. Mais elle compte bien retrouver toute sa famille en métropole si le calme ne revient pas dans l’île au lagon. Christian est aussi dans cet avion d’Air Austral qui décollait hier à 13 heures. Originaire de Saint-Leu, il vit depuis 2007 à Passamainty, dans l’agglomération de Mamoudzou. "J’ai investi mon argent personnel pour installer mon entreprise à Mayotte." Il a ainsi créé un garage qui fait aussi casse et fourrière. Mais depuis le début des événements, il ne travaille pas ou peu. "Au départ, mon activité était de 30% par rapport à d’habitude. On a tenu dix jours. Puis plus rien." Son entreprise a pris cette grève de plein fouet. Sur cinq salariés, il va en licencier deux. Et il compte partir. Vendre. Rentrer à La Réunion. "J’ai déjà connu cette situation en mars 2008 au moment de l’arrivée de Mohamed Bacar. On avait rentré les voitures en catastrophe. Mayotte, si c’est stable, on travaille bien. Mais voilà, beaucoup de chefs d’entreprise quittent le navire maintenant. Certains ont prévu de revenir en janvier. Moi, je vais attendre que ça se calme pour y retourner et je rentrerai définitivement à La Réunion". La crise a aussi posé de problèmes en terme de nourriture. Christian explique : "Il y a eu une certaine solidarité entre Réunionnais. On arrivait donc à trouver des boîtes de sardine par exemple. Mais ça commençait à manquer." Julie est aussi Réunionnaise. Elle vit à Cavani et rentre à La Réunion pour le week-end. "Je vais rentrer avec des courses. J’y suis déjà allée hier matin (mercredi, NDLR). Mais il y avait un climat de peur. Tout le monde faisait ses courses à la hâte craignant que les manifestants viennent fermer le magasin. Les gens disaient que c’était chaud à Kawéni." La grande partie des passagers de cet avion hier était donc des personnes partant pour trouver un peu de calme loin des bombes lacrymogènes et des grenades assourdissantes.
Nicolas Goinard
Paru sur le site de Rue89, le 20/10/2011
http://www.rue89.com/2011/10/20/vos-temoignages-de-mayotte-la-situation-est-incontrolable-225752
Vos témoignages de Mayotte : « La situation est incontrôlable »
(Rue89 - 20/10/2011)
http://www.rue89.com/2011/10/20/vos-temoignages-de-mayotte-la-situation-est-incontrolable-225752
Vos témoignages de Mayotte : « La situation est incontrôlable »
(Rue89 - 20/10/2011)
Près d’un mois d'émeutes et de confrontation sociale à Mayotte, dans l'indifférence de la « métropole ». Mayotte est pourtant le 101e département français. Nos riverains sur place témoignent et tentent d'expliquer ces événements graves.
Jamal : « Mayotte est devenue française, avant Nice ou la Savoie » - Je suis un “Mzungu” (Blanc) habitant à Mayotte depuis quatre semaines. A peine arrivé, j'ai subi les conflits sociaux de plein fouet. Grèves, manifestations légitimes contre la vie chère...
Le schéma est le même qu'en métropole. Une intersyndicale veut négocier avec les patrons des grandes enseignes, le préfet local se présente comme un facilitateur, mais par derrière il fait preuve d'une grande répression envers les manifestants (preuve de son incompétence). Bien souvent des groupes de femmes qui manifestent avec le sourire et en dansant.
Les négociations portent sur huit produits de première nécessité : gaz, riz, huile, lait, viande... que l'on souhaite indexés par rapport aux prix de La Réunion. Une urgence, face à la précarité d'une majorité de Mahorais, qui ne bénéficient pas encore du chomage et du RSA (qui serait selon toute vraisemblance à 25% du RSA métropolitain, mais suffisant pour apporter une “sécurité alimentaire” pour toutes les familles).
Les Mahorais sont pauvres mais ne sont pas des mendiants, ne veulent en aucun cas être des assistés, comme sur certaines îles d'outre-mer ! Chose que Marie-Luce Penchard [secrétaire d'Etat à l'outre-mer, ndlr], venue in extremis vendredi, n'a toujours pas compris...
Vendredi, les négociations semblaient trouver une issue mais la ministre a fait interrompre les négociations en cours pour faire ses propositions à elle – proposer des bons de réductions de 5 euros sur les produits de première nécessité, pour les 16 500 familles les plus pauvres. Sauf qu'à Mayotte, nous sommes 200 000 habitants, et nous avons besoin de baisses de prix profitables à TOUS.
Les Mahorais se sentent floués par Sarkozy - Parlons politique. Avant son élection Sarkozy avait promis la départementalisation de Mayotte par référendum local. Les Mahorais ont voté pour à 95%. Mayotte est par conséquent devenu le 101e département français depuis avril.
Mais ce que Sarkozy n'avait pas précisé, c'est que Mayotte serait un département au rabais. Les Mahorais se sentent floués. L'île à basculé de la droite, vers le centre-gauche... Est-ce pour cette raison que le gouvernement délaisse Mayotte ?
Depuis le départ de Marie-Luce Penchard, les émeutes se sont intensifiées, comme si tout ceci était volontaire. Barrages, caillassages, émeutes, et les casseurs (des jeunes de 10 à 18 ans) qu'on met sur le tapis pour diviser la population... [...]
Mayotte est française, l'est depuis 1841 (avant même Nice et la Savoie), Mayotte a besoin d'être écoutée, considérée. Et non pas méprisée par les flics mal-formés, par ce préfet incompétent qui devrait être viré sur le champ, et ce gouvernement qui n'en a rien à foutre de “ce peuple noir et musulman bouffeur de bananes”. »
B.C.B : « Penchard à l'Assemblée, ahurissante de légèreté » - La majorité de la population attend une possible (pas encore probable) solution qui nous sortira de cette situation gravissime. Dans la rue, on a l'impression que forces de l'ordre, manifestants et casseurs sont en roue libre. Cette anarchie est plutôt inquiétante. Il y a beau y avoir des appels au calme, le préfet, mercredi soir à la TV, est apparu pitoyable, démuni et manifestement lâché par sa hiérarchie.
Quant à la ministre, sa réponse aux accents d'autosatisfaction à l'Assemblée est tout simplement ahurissante de légèreté. [...]
A Longoni, port de Mamoudzou, des containers renferment de la nourriture pourrissante qui attend d'être déchargée... Quasiment toutes les supérettes de l'île ont été pillées et saccagées. D'ici deux à trois jours, cela va vraiment commencer à être difficile de se nourrir si les marchands de rue ne sortent plus pour vendre les légumes... sans parler de l'heure de queue pour avoir – ou pas – du pain, faute de farine... Des pharmacies ont mis en rayon leurs derniers stocks de lait.
Des gens traînent, l'ambiance est tendue... La nuit a été agitée, voire violente (pillages, incendies de magasins, vandalisme tous azimuts) dans beaucoup d'endroits de l'île (Combani, Dzoumogné, Kaweni, Passamainti, Sada, etc). [...]
Les transports scolaires suspendus par le conseil général - Le vice-recteur, dans un déni total, engage les personnels à “assurer la continuité du service public” tandis que certains personnels de direction demandent à leurs personnels de rester chez eux : ils craignent – avec raison – le saccage et le pillage en règle des établissements et de toutes façons, les quelques établissements proposant une restauration scolaire ont des réserves pour deux ou trois jours ; dans les autres, les “collations”, déjà bien maigres, n'étaient déjà plus fournies depuis mardi.
Les transports scolaires sont “suspendus jusqu'à nouvel ordre” sur la demande du conseil général, les écoles sont évidement fermées.
Une terrible parenthèse de recueillement pour Ali El Anziz - Mercredi, la mort d'un homme de 39 ans [semble-t-il due à une crise cardiaque, ndlr] a fait basculer dans le chaos un 101e département français dont la situation réelle et la grande misère d'une majorité de la population sont méconnues en métropole.
La nouvelle de cette mort saura-t-elle atteindre des média indifférents ? - Ce jeudi, une marche blanche a rassemblé de très nombreux participants et s'est déroulée dans le calme et la dignité en mémoire de Ali El Anziz... Une terrible parenthèse de recueillement qui, on l'espère, débouchera sur un retour à la normalité. »
Olivier : « Depuis la métropole, vous ne savez rien » - Pour cette quatrième semaine de blocage, la situation est absolument catastrophique ; jamais on n'a connu ça. La panique gagne :
• tous les supermarchés (ouverts de force sur ordre du préfet avec des escadrons de CRS) ont été pillés, certains brûlés entièrement (cette nuit à Pamandzi) ;
• le président du conseil général, tabassé par un CRS (il ne l'avait pas reconnu !),
• le préfet, caillassé, mercredi en sortant des studios de Mayotte Première, elle-même saccagée ;
• la gendarmerie, attaquée ;
[Mercredi, la manif a fait] un mort, prétendument d'une crise cardiaque (mais Flash-Ball et lacrymo dans la tronche ne l'ont pas aidé), et de nombreux blessés ;
Des propos racistes des CRS... et des Mahorais - La situation est devenue incontrôlable : les CRS sont hyper violents et tiennent des propos racistes, du coup les Mahorais aussi. Ça monte...
Mercredi, on a voulu faire une AG de crise pour l'école qu'on a dû fermer, mais les maîtresse n'ont pas pu venir car, toute La Rampe s'est calfeutrée après des menaces d'invasion du quartier des Blancs.
A Bandrélé, pas une nuit sans un viol et des agressions violentes sur les Mzungus (Blancs). Beaucoup cherchent à partir par tous les moyens, même si l'accès à l'aéroport est quasi-impossible, à cause des barrages et de la barge qui ne fonctionne quasiment pas.
Mercredi, un copain a pêché un gros poisson. On a partagé - Les gens ont faim et sont hyper nerveux. Les jeunes sont incontrôlables. On regarde nos réserves de nourriture s'amincir (comme nous), mais on ne mourra pas de faim grâce aux fruits à pain, manioc et bananes. Mercredi, un copain a pêché un gros poisson, que l'on s'est partagé. On est très solidaires, on se soutient, c'est indispensable. Dans notre village, c'est calme, les gens restent gentils, on ne sent aucune animosité pour l'instant. Ils n'ont même plus de riz... c'est raide.
Le préfet fait comme si ne rien n'était - Et le pire dans tout ça, c'est la désinformation voulue par le gouvernement français ; depuis la métropole, vous ne savez rien à part quelques secondes qui annoncent des manifs !
Même ici, le préfet fait comme si ne rien n'était, Mayotte Première semble avoir reçu des “consignes”. Reste la radio Kwézi FM, qui est sur le terrain en permanence.
On est écœurés ! On a besoin de soutien, SVP. On essaie de ne pas se laisser gagner par la panique, car on n'a pas le choix, on ne pourra pas s'enfuir à la nage... Pensez à nous, SVP, on se sent seuls dans ce chaos. »
Yves : « Les barrages sont vus comme un jeu par les enfants et les jeunes » - Habitant un village du nord de l'île, nous n'avons plus accès à la route puisque tout est bloqué (barrages de poubelles, de pierres, d'arbres). Faire des photos est dangereux, si vous êtes pris en train de le faire, notamment si vous êtes mzungu (blanc) de surcroît, vous êtes soupçonné de vouloir transmettre ces données à la gendarmerie pour dénonciation de personnes faisant les barricades et autres mouvements allant à l'encontre de la loi.
Sachez tout de même, que si certains magasins ont été ouverts sous le couvert des forces de l'ordre comme à Mamoudzou ou d'autres communes par-ci, par-là, ce n'est aucunement le cas de la plupart des villages. Notons d'ailleurs que certaines personnes qui ont pu se ravitailler se sont vues littéralement pillées à leur sortie de magasins ou dans leurs véhicules.
De ce fait, nous n'avons plus grand-chose à manger. Depuis presque quatre semaines que dure le conflit, les quelques provisions de base sont pour la plupart d'entre nous insignifiantes. Les barrages sont hélas trop souvent tenus par des enfants et des jeunes qui trouvent un malin plaisir à considérer cela comme un jeu, voire le nouveau sport départemental. [...]
La mayonnaise ne prend pas - Les entreprises sont sur les genoux et les quelques organismes qui fonctionnaient bon an mal an dans ce département vont être tenus de fermer définitivement ou de se retirer. Cette grève nous mène vers un constat d'échec, quelle qu'en soit l'issue (enfin, c'est le sentiment que l'on a lorsque l'on est sur place, quand on s'aperçoit que nous sommes dans un autre monde tout à fait différent de notre culture et que la mayonnaise ne prend pas). [...]
Nous avons quelques jours futurs à vivre qui s'annoncent particulièrement difficiles et délicats, surtout quand on se sent autant oubliés.
Jamal : « Mayotte est devenue française, avant Nice ou la Savoie » - Je suis un “Mzungu” (Blanc) habitant à Mayotte depuis quatre semaines. A peine arrivé, j'ai subi les conflits sociaux de plein fouet. Grèves, manifestations légitimes contre la vie chère...
Le schéma est le même qu'en métropole. Une intersyndicale veut négocier avec les patrons des grandes enseignes, le préfet local se présente comme un facilitateur, mais par derrière il fait preuve d'une grande répression envers les manifestants (preuve de son incompétence). Bien souvent des groupes de femmes qui manifestent avec le sourire et en dansant.
Les négociations portent sur huit produits de première nécessité : gaz, riz, huile, lait, viande... que l'on souhaite indexés par rapport aux prix de La Réunion. Une urgence, face à la précarité d'une majorité de Mahorais, qui ne bénéficient pas encore du chomage et du RSA (qui serait selon toute vraisemblance à 25% du RSA métropolitain, mais suffisant pour apporter une “sécurité alimentaire” pour toutes les familles).
Les Mahorais sont pauvres mais ne sont pas des mendiants, ne veulent en aucun cas être des assistés, comme sur certaines îles d'outre-mer ! Chose que Marie-Luce Penchard [secrétaire d'Etat à l'outre-mer, ndlr], venue in extremis vendredi, n'a toujours pas compris...
Vendredi, les négociations semblaient trouver une issue mais la ministre a fait interrompre les négociations en cours pour faire ses propositions à elle – proposer des bons de réductions de 5 euros sur les produits de première nécessité, pour les 16 500 familles les plus pauvres. Sauf qu'à Mayotte, nous sommes 200 000 habitants, et nous avons besoin de baisses de prix profitables à TOUS.
Les Mahorais se sentent floués par Sarkozy - Parlons politique. Avant son élection Sarkozy avait promis la départementalisation de Mayotte par référendum local. Les Mahorais ont voté pour à 95%. Mayotte est par conséquent devenu le 101e département français depuis avril.
Mais ce que Sarkozy n'avait pas précisé, c'est que Mayotte serait un département au rabais. Les Mahorais se sentent floués. L'île à basculé de la droite, vers le centre-gauche... Est-ce pour cette raison que le gouvernement délaisse Mayotte ?
Depuis le départ de Marie-Luce Penchard, les émeutes se sont intensifiées, comme si tout ceci était volontaire. Barrages, caillassages, émeutes, et les casseurs (des jeunes de 10 à 18 ans) qu'on met sur le tapis pour diviser la population... [...]
Mayotte est française, l'est depuis 1841 (avant même Nice et la Savoie), Mayotte a besoin d'être écoutée, considérée. Et non pas méprisée par les flics mal-formés, par ce préfet incompétent qui devrait être viré sur le champ, et ce gouvernement qui n'en a rien à foutre de “ce peuple noir et musulman bouffeur de bananes”. »
B.C.B : « Penchard à l'Assemblée, ahurissante de légèreté » - La majorité de la population attend une possible (pas encore probable) solution qui nous sortira de cette situation gravissime. Dans la rue, on a l'impression que forces de l'ordre, manifestants et casseurs sont en roue libre. Cette anarchie est plutôt inquiétante. Il y a beau y avoir des appels au calme, le préfet, mercredi soir à la TV, est apparu pitoyable, démuni et manifestement lâché par sa hiérarchie.
Quant à la ministre, sa réponse aux accents d'autosatisfaction à l'Assemblée est tout simplement ahurissante de légèreté. [...]
A Longoni, port de Mamoudzou, des containers renferment de la nourriture pourrissante qui attend d'être déchargée... Quasiment toutes les supérettes de l'île ont été pillées et saccagées. D'ici deux à trois jours, cela va vraiment commencer à être difficile de se nourrir si les marchands de rue ne sortent plus pour vendre les légumes... sans parler de l'heure de queue pour avoir – ou pas – du pain, faute de farine... Des pharmacies ont mis en rayon leurs derniers stocks de lait.
Des gens traînent, l'ambiance est tendue... La nuit a été agitée, voire violente (pillages, incendies de magasins, vandalisme tous azimuts) dans beaucoup d'endroits de l'île (Combani, Dzoumogné, Kaweni, Passamainti, Sada, etc). [...]
Les transports scolaires suspendus par le conseil général - Le vice-recteur, dans un déni total, engage les personnels à “assurer la continuité du service public” tandis que certains personnels de direction demandent à leurs personnels de rester chez eux : ils craignent – avec raison – le saccage et le pillage en règle des établissements et de toutes façons, les quelques établissements proposant une restauration scolaire ont des réserves pour deux ou trois jours ; dans les autres, les “collations”, déjà bien maigres, n'étaient déjà plus fournies depuis mardi.
Les transports scolaires sont “suspendus jusqu'à nouvel ordre” sur la demande du conseil général, les écoles sont évidement fermées.
Une terrible parenthèse de recueillement pour Ali El Anziz - Mercredi, la mort d'un homme de 39 ans [semble-t-il due à une crise cardiaque, ndlr] a fait basculer dans le chaos un 101e département français dont la situation réelle et la grande misère d'une majorité de la population sont méconnues en métropole.
La nouvelle de cette mort saura-t-elle atteindre des média indifférents ? - Ce jeudi, une marche blanche a rassemblé de très nombreux participants et s'est déroulée dans le calme et la dignité en mémoire de Ali El Anziz... Une terrible parenthèse de recueillement qui, on l'espère, débouchera sur un retour à la normalité. »
Olivier : « Depuis la métropole, vous ne savez rien » - Pour cette quatrième semaine de blocage, la situation est absolument catastrophique ; jamais on n'a connu ça. La panique gagne :
• tous les supermarchés (ouverts de force sur ordre du préfet avec des escadrons de CRS) ont été pillés, certains brûlés entièrement (cette nuit à Pamandzi) ;
• le président du conseil général, tabassé par un CRS (il ne l'avait pas reconnu !),
• le préfet, caillassé, mercredi en sortant des studios de Mayotte Première, elle-même saccagée ;
• la gendarmerie, attaquée ;
[Mercredi, la manif a fait] un mort, prétendument d'une crise cardiaque (mais Flash-Ball et lacrymo dans la tronche ne l'ont pas aidé), et de nombreux blessés ;
Des propos racistes des CRS... et des Mahorais - La situation est devenue incontrôlable : les CRS sont hyper violents et tiennent des propos racistes, du coup les Mahorais aussi. Ça monte...
Mercredi, on a voulu faire une AG de crise pour l'école qu'on a dû fermer, mais les maîtresse n'ont pas pu venir car, toute La Rampe s'est calfeutrée après des menaces d'invasion du quartier des Blancs.
A Bandrélé, pas une nuit sans un viol et des agressions violentes sur les Mzungus (Blancs). Beaucoup cherchent à partir par tous les moyens, même si l'accès à l'aéroport est quasi-impossible, à cause des barrages et de la barge qui ne fonctionne quasiment pas.
Mercredi, un copain a pêché un gros poisson. On a partagé - Les gens ont faim et sont hyper nerveux. Les jeunes sont incontrôlables. On regarde nos réserves de nourriture s'amincir (comme nous), mais on ne mourra pas de faim grâce aux fruits à pain, manioc et bananes. Mercredi, un copain a pêché un gros poisson, que l'on s'est partagé. On est très solidaires, on se soutient, c'est indispensable. Dans notre village, c'est calme, les gens restent gentils, on ne sent aucune animosité pour l'instant. Ils n'ont même plus de riz... c'est raide.
Le préfet fait comme si ne rien n'était - Et le pire dans tout ça, c'est la désinformation voulue par le gouvernement français ; depuis la métropole, vous ne savez rien à part quelques secondes qui annoncent des manifs !
Même ici, le préfet fait comme si ne rien n'était, Mayotte Première semble avoir reçu des “consignes”. Reste la radio Kwézi FM, qui est sur le terrain en permanence.
On est écœurés ! On a besoin de soutien, SVP. On essaie de ne pas se laisser gagner par la panique, car on n'a pas le choix, on ne pourra pas s'enfuir à la nage... Pensez à nous, SVP, on se sent seuls dans ce chaos. »
Yves : « Les barrages sont vus comme un jeu par les enfants et les jeunes » - Habitant un village du nord de l'île, nous n'avons plus accès à la route puisque tout est bloqué (barrages de poubelles, de pierres, d'arbres). Faire des photos est dangereux, si vous êtes pris en train de le faire, notamment si vous êtes mzungu (blanc) de surcroît, vous êtes soupçonné de vouloir transmettre ces données à la gendarmerie pour dénonciation de personnes faisant les barricades et autres mouvements allant à l'encontre de la loi.
Sachez tout de même, que si certains magasins ont été ouverts sous le couvert des forces de l'ordre comme à Mamoudzou ou d'autres communes par-ci, par-là, ce n'est aucunement le cas de la plupart des villages. Notons d'ailleurs que certaines personnes qui ont pu se ravitailler se sont vues littéralement pillées à leur sortie de magasins ou dans leurs véhicules.
De ce fait, nous n'avons plus grand-chose à manger. Depuis presque quatre semaines que dure le conflit, les quelques provisions de base sont pour la plupart d'entre nous insignifiantes. Les barrages sont hélas trop souvent tenus par des enfants et des jeunes qui trouvent un malin plaisir à considérer cela comme un jeu, voire le nouveau sport départemental. [...]
La mayonnaise ne prend pas - Les entreprises sont sur les genoux et les quelques organismes qui fonctionnaient bon an mal an dans ce département vont être tenus de fermer définitivement ou de se retirer. Cette grève nous mène vers un constat d'échec, quelle qu'en soit l'issue (enfin, c'est le sentiment que l'on a lorsque l'on est sur place, quand on s'aperçoit que nous sommes dans un autre monde tout à fait différent de notre culture et que la mayonnaise ne prend pas). [...]
Nous avons quelques jours futurs à vivre qui s'annoncent particulièrement difficiles et délicats, surtout quand on se sent autant oubliés.
Paru sur le site de Rue89, le 11/10/2011
http://www.rue89.com/2011/10/11/mayotte-se-bat-pour-ne-pas-etre-un-departement-au-rabais-225447
Mayotte se bat pour ne pas être un département « au rabais »
par Nicolas Goinard
http://www.rue89.com/2011/10/11/mayotte-se-bat-pour-ne-pas-etre-un-departement-au-rabais-225447
Mayotte se bat pour ne pas être un département « au rabais »
par Nicolas Goinard
Depuis plus de trois semaines l'île de Mayotte, nouveau département français, connaît des affrontements sans précédent. En ligne de mire pour les manifestants, la baisse des prix d'une dizaine de produits de consommation courante et le besoin d'être considérés comme des citoyens français à part entière.
Barrages improvisés - Chaque village de brousse s'organise comme il peut. Si les syndicalistes mènent les négociations en haut lieu, dans la rue les syndicats passent au second plan.
Département depuis mars 2011 - A la suite de la consultation référendaire de la population du 29 mars 2009 (95,2% de votes favorables), Mayotte est devenu un département d'outre-mer à assemblée délibérante unique de la République française le 31 mars 2011.
La population mahoraise s'est appropriée la lutte contre la vie chère. Depuis trois semaines maintenant, ce petit caillou du milieu du canal du Mozambique situé entre l'Afrique et Madagascar vit au rythme des heurts. Boutiques fermées. Administrations désertées. C'est toute une économie qui se retrouve au ralenti dans ce département français tout neuf.
Le mouvement a débuté le 27 septembre à l'initiative de la CGT Mayotte et de la CFDT.
Galets et cocktails Molotov - FO et la CFE-CGC ont rejoint la table des négociations par la suite. La tension a augmenté, particulièrement la semaine dernière avec des affrontements à coups de galets et de cocktails Molotov. Samedi soir, les négociations ont une nouvelle fois échoué.
Ce que veulent les syndicats ? Ils demandent la baisse des prix de produits de consommation courante. Un petit tour dans les rayons du Jumbo score de Kawéni au nord de Mamoudzou suffit pour voir que quelque chose cloche. Acheter des produits laitiers est un luxe.
La cuisse de poulet est même devenue le symbole de cette lutte. Les dix kilos sont à 27 euros à Mayotte « quand il faut compter 17 euros aux Comores » note Rivo Rakotondravelo, représentant du syndicat enseignant SNUIPP. Son organisation a fait le choix de ne pas participer au mouvement. Parce que le problème est ailleurs. « Il faut parler de pouvoir d'achat. De travail », estime-t-il.
La fin de la collectivité départementale de Mayotte était pourtant porteuse de tous les espoirs. Des attentes qui ont été accentuées par la déclaration de Nicolas Sarkozy le 18 janvier 2010 lors de ses vœux à l'Outre-mer :
« Vous êtes Français depuis 1841, bien longtemps avant Nice et La Savoie. Mayotte, c'est la France ! Mayotte est française, et elle le restera. »
Un smic diminué de 15%, pas de RSA - Mais voilà, les Mahorais estiment qu'ils sont des Français de seconde zone. Ils pensent ne pas être considérés comme les habitants de la Creuse par exemple. On est loin du « département moukaka », le département entier voulu par le député Modem Abdoulatifou Aly. Le smic ne représente que 85% du smic métropolitain soit 1 069,77 euros. En 2003, il était à 499 euros. Il n'y a pas de RMI à Mayotte. Et les allocations familiales sont nettement inférieures à ce qui se pratique sur d'autres territoires ultra-marins.
A titre de comparaison, une famille avec cinq enfants percevra 582,80 euros par mois sur l'île voisine de La Réunion contre 140 euros à Mayotte. Il existe aussi un fossé pour l'allocation de rentrée scolaire : 275 euros pour un enfant à La Réunion et 103 euros à Mayotte.
La départementalisation devait apporter son lot d'aides et permettre une augmentation du pouvoir d'achat. A terme, peut-être. Mais dans l'immédiat aucune évolution nette. L'Etat a souhaité aller progressivement pour « accompagner le développement économique de l'île », explique-t-on en préfecture. Ainsi le RSA, l'allocation de logement social ou de parent isolé ne seront perçues que dès l'année prochaine. Mais elles ne représenteront que 25% des prestations versées dans un département français classique. Voilà qui énerve et pousse de nombreux Mahorais à parler de « département au rabais ».
Rivo Rakotondravelo note : « Nous n'avons pas d'attente par rapport à la départementalisation. C'est la réalité. On est Français ou on ne l'est pas. Le problème c'est que nous sommes toujours dans une situation néocoloniale avec d'un côté les grands distributeurs qui sont des m'zungus [métropolitains, ndlr] et en face des Mahorais. Dans les syndicalistes, il y a même des petits commerçants qui demandent la baisse des prix. On parle souvent de productions locales. Des tomates de Mayotte qui sont chères. Mais les gens qui vendent les tomates les vendent à des prix élevés pour pouvoir ensuite s'acheter du poulet hors de prix. »
Il serait tentant de faire le parallèle avec la crise survenue aux Antilles en 2009. Mais un Mahorais sourit :
« Il a fallu cinquante ans pour que les Antillais se soulèvent. Nous, ça fait six mois que nous sommes un département et on se bat déjà contre la vie chère. »
« Mayotte est à genou, le préfet demande la police » - En marge de ces manifestations il y a une tension propice aux dérapages. Ainsi les violences ont causé des blessés. Des renforts de police sont donc arrivés, notamment de La Réunion, ce qui fait dire à Rivo Rakotondravelo :
« Mayotte est à genou et le préfet demande la police au lieu de mettre la pression sur les cinq personnes qui font la pluie et le beau temps sur l'île. »
Ce lundi matin, des manifestants ont demandé la fermeture du bureau de la préfecture chargé d'étudier les dossiers des étrangers venus en nombre de l'île voisine et cousine d'Anjouan, boucs émissaires désignés, à l'origine de tous les maux de Mayotte. Un manifestant explique que « cette action visait juste à mobiliser les employés de bureaux ». Peut-être. Mais des propos tenus dans la manifestation étaient tout autre : « L'Etat s'occupe des Anjouanais avant de s'occuper des Mahorais. »
Déjà en mars 2008, lors de l'arrivée à Mayotte de Mohamed Bacar, Président chassé d'Anjouan, des marches avaient été organisées pour demander l'expulsion des sans-papier. Pour une fois, l'Etat n'avait pas attendu les manifestations pour répondre favorablement au désir de la population.
Barrages improvisés - Chaque village de brousse s'organise comme il peut. Si les syndicalistes mènent les négociations en haut lieu, dans la rue les syndicats passent au second plan.
Département depuis mars 2011 - A la suite de la consultation référendaire de la population du 29 mars 2009 (95,2% de votes favorables), Mayotte est devenu un département d'outre-mer à assemblée délibérante unique de la République française le 31 mars 2011.
La population mahoraise s'est appropriée la lutte contre la vie chère. Depuis trois semaines maintenant, ce petit caillou du milieu du canal du Mozambique situé entre l'Afrique et Madagascar vit au rythme des heurts. Boutiques fermées. Administrations désertées. C'est toute une économie qui se retrouve au ralenti dans ce département français tout neuf.
Le mouvement a débuté le 27 septembre à l'initiative de la CGT Mayotte et de la CFDT.
Galets et cocktails Molotov - FO et la CFE-CGC ont rejoint la table des négociations par la suite. La tension a augmenté, particulièrement la semaine dernière avec des affrontements à coups de galets et de cocktails Molotov. Samedi soir, les négociations ont une nouvelle fois échoué.
Ce que veulent les syndicats ? Ils demandent la baisse des prix de produits de consommation courante. Un petit tour dans les rayons du Jumbo score de Kawéni au nord de Mamoudzou suffit pour voir que quelque chose cloche. Acheter des produits laitiers est un luxe.
La cuisse de poulet est même devenue le symbole de cette lutte. Les dix kilos sont à 27 euros à Mayotte « quand il faut compter 17 euros aux Comores » note Rivo Rakotondravelo, représentant du syndicat enseignant SNUIPP. Son organisation a fait le choix de ne pas participer au mouvement. Parce que le problème est ailleurs. « Il faut parler de pouvoir d'achat. De travail », estime-t-il.
La fin de la collectivité départementale de Mayotte était pourtant porteuse de tous les espoirs. Des attentes qui ont été accentuées par la déclaration de Nicolas Sarkozy le 18 janvier 2010 lors de ses vœux à l'Outre-mer :
« Vous êtes Français depuis 1841, bien longtemps avant Nice et La Savoie. Mayotte, c'est la France ! Mayotte est française, et elle le restera. »
Un smic diminué de 15%, pas de RSA - Mais voilà, les Mahorais estiment qu'ils sont des Français de seconde zone. Ils pensent ne pas être considérés comme les habitants de la Creuse par exemple. On est loin du « département moukaka », le département entier voulu par le député Modem Abdoulatifou Aly. Le smic ne représente que 85% du smic métropolitain soit 1 069,77 euros. En 2003, il était à 499 euros. Il n'y a pas de RMI à Mayotte. Et les allocations familiales sont nettement inférieures à ce qui se pratique sur d'autres territoires ultra-marins.
A titre de comparaison, une famille avec cinq enfants percevra 582,80 euros par mois sur l'île voisine de La Réunion contre 140 euros à Mayotte. Il existe aussi un fossé pour l'allocation de rentrée scolaire : 275 euros pour un enfant à La Réunion et 103 euros à Mayotte.
La départementalisation devait apporter son lot d'aides et permettre une augmentation du pouvoir d'achat. A terme, peut-être. Mais dans l'immédiat aucune évolution nette. L'Etat a souhaité aller progressivement pour « accompagner le développement économique de l'île », explique-t-on en préfecture. Ainsi le RSA, l'allocation de logement social ou de parent isolé ne seront perçues que dès l'année prochaine. Mais elles ne représenteront que 25% des prestations versées dans un département français classique. Voilà qui énerve et pousse de nombreux Mahorais à parler de « département au rabais ».
Rivo Rakotondravelo note : « Nous n'avons pas d'attente par rapport à la départementalisation. C'est la réalité. On est Français ou on ne l'est pas. Le problème c'est que nous sommes toujours dans une situation néocoloniale avec d'un côté les grands distributeurs qui sont des m'zungus [métropolitains, ndlr] et en face des Mahorais. Dans les syndicalistes, il y a même des petits commerçants qui demandent la baisse des prix. On parle souvent de productions locales. Des tomates de Mayotte qui sont chères. Mais les gens qui vendent les tomates les vendent à des prix élevés pour pouvoir ensuite s'acheter du poulet hors de prix. »
Il serait tentant de faire le parallèle avec la crise survenue aux Antilles en 2009. Mais un Mahorais sourit :
« Il a fallu cinquante ans pour que les Antillais se soulèvent. Nous, ça fait six mois que nous sommes un département et on se bat déjà contre la vie chère. »
« Mayotte est à genou, le préfet demande la police » - En marge de ces manifestations il y a une tension propice aux dérapages. Ainsi les violences ont causé des blessés. Des renforts de police sont donc arrivés, notamment de La Réunion, ce qui fait dire à Rivo Rakotondravelo :
« Mayotte est à genou et le préfet demande la police au lieu de mettre la pression sur les cinq personnes qui font la pluie et le beau temps sur l'île. »
Ce lundi matin, des manifestants ont demandé la fermeture du bureau de la préfecture chargé d'étudier les dossiers des étrangers venus en nombre de l'île voisine et cousine d'Anjouan, boucs émissaires désignés, à l'origine de tous les maux de Mayotte. Un manifestant explique que « cette action visait juste à mobiliser les employés de bureaux ». Peut-être. Mais des propos tenus dans la manifestation étaient tout autre : « L'Etat s'occupe des Anjouanais avant de s'occuper des Mahorais. »
Déjà en mars 2008, lors de l'arrivée à Mayotte de Mohamed Bacar, Président chassé d'Anjouan, des marches avaient été organisées pour demander l'expulsion des sans-papier. Pour une fois, l'Etat n'avait pas attendu les manifestations pour répondre favorablement au désir de la population.
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